Mortemobire CODEX SULDER
   

Chapitre 29 : Un retour alambiqué

Son esprit était rempli de questions et les réponses ne venaient pas toujours pour le rassurer. En y pensant, il comprenait bien que les autres avaient raisons ! Il était un héritier, le grand maître avait mis des années à trouver trace de l’un d’entre eux. S’il venait à mourir, c’était toutes ses années d’efforts qui étaient perdus à jamais.
Le grand maître serait abattu. Pendant un court laps de temps au moins. Car il n’y avait pas de doute qu’il trouverait autre chose pour forger un nouvel espoir.
Alendomïën ralentit légèrement le pas. Elle lâcha Balco et plaqua sa main contre son torse pour arrêter sa marche. Une flèche passa juste devant leurs yeux. Si Alendomïën n’avait pas eu le réflexe de s’arrêter en sentant le danger, l’un d’entre eux aurait reçu cette flèche en plein corps.
Balco poussa un soupir de soulagement. Alendomïën resta impassible. La main toujours tendue vers Balco pour l’empêcher de progresser. Elle regardait les arbres environnants à la recherche de quelqu’un ou de quelque chose.
Balco jeta quelques coups d’œil rapides, mais il ne vit rien de plus que des arbres. Le souffle coupé, il sentit une intense pression sur son torse qui le fit basculer en arrière !
Il avait ressenti la présence d’Alendomïën lors de cette poussée. Mais il était certain que sa main n’avait pas exercé la moindre pression sur lui. C’était de la magie qui l’avait rejeté en arrière. Il n’eut pas besoin de poser la moindre question à Alendomïën.
La flèche qui se planta dans le sol non loin de lui fut une réponse plus que satisfaisante. Alendomïën venait de lui sauver la vie ! Il se demandait comment il pourrait survivre dans un tel monde s’il n’avait pas eu les compagnons que lui avait confiés le grand maître.
Pas un geste. Pas un souffle. Juste un cri étranglé se fit entendre à quelques pas devant eux. Alendomïën se tourna vers Balco, un léger sourire aux coins des lèvres.
« En route héritier de la nuit, le chemin pour aller jusqu’à Petit-Village risque d’être particulièrement accidenté. La vigilance de chacun va être mise à rude épreuve. »
Balco se releva en souriant bêtement. Elle lui parlait de vigilance, alors qu’il n’aurait pas entendu un écureuil grignoter à un mètre de lui. Toutefois l’archer, ou quoi que ce fut d’autre, était une mise en garde que Balco prenait très au sérieux.
Il ne ferait plus rien pour freiner l’élan d’Alendomïën. Il n’était pas en mesure de se défendre seul ! Il devait faire confiance à Alendomïën. Ce n’était plus la même situation que lorsqu’il avait croisé Homelf.
Cette fois-là, il était dans la forêt du grand maître et Homelf savait qu’il n’avait rien à craindre ou presque. Aujourd’hui, c’était à nouveau une forêt, mais le danger était bien plus réel !
Pas un seul de ses compagnons n’aurait pu lui assurer qu’il était tranquille dans cette forêt. Alendomïën avança droit devant elle. Balco suivait à un mètre derrière. Il ne se laissait jamais distancer plus par crainte qu’Alendomïën ne puisse plus intervenir ou trop tardivement s’il était trop loin.
Un autre archer fut foudroyé par la magie d’Alendomïën. Comme pour le premier, Balco ne vit rien, juste un cri dans la forêt. Ils allaient reprendre leur marche en avant lorsqu’un piège qu’Alendomïën n’avait pas décelé s’activa.
Un filet de cordage se souleva du sol emportant Alendomïën à l’intérieur. Un simple piège comme il avait pu en faire dans son village pour capturer quelques bêtes sauvages. Le filet n’eut pas le temps d’arriver jusqu’à sa position haute que tout le cordage s’enflamma.
Alendomïën tomba au sol, mais elle atterrit sur le sol comme l’aurait fait une plume. D’une légèreté magique, elle posa ses pieds sur le sol. Ses cheveux étaient légèrement ébouriffés ce qui donna un léger sourire à Balco.
Alendomïën lui jeta un regard noir de quelques secondes avant de rire elle aussi de cette malencontreuse aventure.
« Je ne m’en serais pas sorti aussi bien, commenta Balco.
— La magie aide un peu à ne pas rester bloqué trop longtemps dans ce genre de piège, souligna Alendomïën avec un sourire retrouvé. Mais je suis persuadé que ce cordage n’aurait pas pu tenir bien longtemps si tu lui avais présenté le tranchant de ta lame. L’épée de la roche t’aurait libérée aussi vite que ma magie.
— Pour sortir du filet, je veux bien te croire, dit Balco en recommençant à suivre le pas d’Alendomïën. Par contre, pour amortir la chute, je pense que je préfère ta magie à mon épée. Magique ou pas, la chute aurait été lourde.
— Je te le concède, dit Alendomïën avec amusement. »
Elle avait repris sa marche entre les arbres, plus méfiante encore qu’au début. Elle surveillait chaque recoin que son regard pouvait observer. Balco se sentit enfin utile, il scrutait le sol de la forêt pour y détecter des pièges. Son père lui avait appris quelques petits trucs pour ne pas tomber dedans lorsqu’il décidait de s’éloigner de la maison.
Avec conviction, il observait et cherchait. Il rêvait de pouvoir détecter un piège avant qu’Alendomïën ne le remarque. Il aurait enfin trouvé un domaine où il pouvait apporter un peu de compétence et d’expérience. Ils marchèrent une vingtaine de minutes sans rencontrer le moindre obstacle.
Balco aurait bien relâché sa surveillance, mais se rendant compte qu’Alendomïën était toujours aussi sérieuse, il n’en fit rien. Ce calme ne fut que de courte durée, un nouveau danger leur fit face. Et pas n’importe lequel !
Un filet fut projeté en direction d’Alendomïën. Mais celui-ci n’avait rien de naturel, il fut catapulté à l’horizontale. Alendomïën fut projeté vers l’arrière. Son dos toucha le tronc d’un grand sapin dont les branches basses avaient disparu avec le temps. Le filin s’enroula comme de puissants bras autour du tronc du sapin.
Alendomïën se retrouva bloquée contre le tronc de l’arbre. Elle voulait enflammer les cordages, mais rien ne se produisit. Elle cria à Balco de se sauver. Balco ne comprenait pas cette demande. Il n’y avait aucune raison d’être plus alarmé que la première fois.
Ce filin n’était pas tombé de façon naturelle, mais il commençait à avoir vu bien des éléments qui n’était pas d’ordre naturel pour en être effrayé.
Sans faire de bruit, la créature qui leur avait fait face sur le sentier apparut derrière quelques branches basses. Un sourire sur les lèvres, il toisa Alendomïën avec satisfaction.
« Ta magie ne pourra rien contre ce filet. Il est adapté à des créatures comme toi.
— Comment as-tu pu te débarrasser de Manu ? s’étonna Alendomïën. Que tu sois en mesure de le battre est possible. Cependant, t’en sortir sans la moindre égratignure, c’est dans le domaine de l’improbable !
— Je ne sais pas pourquoi vous avez absolument dans la tête que je souhaite vous détruire, indiqua avec un léger rire l’adversaire approchant toujours. Peut-être parce que je vous l’ai dit ou tout du moins je vous l’ai fait croire ! Toutefois, je ne m’intéresse pas à vous. Ma tâche est de détruire la nouvelle bestiole du grand maître. Grâce à vous, je sais désormais qu’il s’agit du gamin. La partie sympathique c’est que ça ne va pas être très long pour le faire trépasser. Dès que j’ai fait ma part, je vous laisse tranquille. Tu vois que je n’ai vraiment rien contre toi. »
Balco eut le souffle coupé par la nouvelle. Ce n’était pas le sobriquet de créature du grand maître qui le dérangeait, mais bien qu’on cherchât à le tuer. Il n’était rien et voilà que des individus qu’il ne connaissait même pas voulaient lui nuire.
Une idée lui avait traversé l’esprit à la première phrase de leur ennemi. Sa survie allait dépendre du résultat de cette idée. Sans attendre la suite, il tira son épée de la roche de son fourreau.
Avec une rage décuplée, il abattit son arme sur les cordages retenant Alendomïën. Le fil fut coupé net sans aucune difficulté. Le tronc de l’arbre reçut une entaille de haut en bas de plusieurs centimètres de profondeur. Balco avait agi avec toute la colère qui l’animait.
« Tu avais raison Alendomïën ! Déclara Balco en haletant. Mon épée fait le même travail que ta magie !
— Reste en arrière, souffla Alendomïën. La donne a changé, je dois te protéger bien plus que je ne l’aurais imaginé.
— Il a de la ressource le gamin, s’exclama fortement leur ennemi. Je n’aurais pas pensé que vous lui auriez donné une arme magique. Il faudra faire attention qu’il ne se coupe pas tout seul par maladresse ! »
Alendomïën ne broncha pas. Elle lança un regard noir qui en disait long sur son humeur. Balco avait reculé de quelques pas pour qu’Alendomïën se retrouve entre lui et leur sombre adversaire. Balco respirait rapidement. La peur avait envahi son corps et elle semblait s’être décuplée au contact de l’épée de la roche. Comme si elle comprenait ses émotions et les augmentait jusqu’à leur paroxysme.
Balco tenta de contrôler cet afflux d’émotion. Il ne voulait pas ranger son épée de la roche dans son fourreau. Elle pourrait s’avérer encore utile dans très peu de temps. Il devait donc maîtriser ses apports d’émotions pour la garder en main.
Le silence se fit de nouveaux présents ! Alendomïën concentrée, mais ne lançant aucun sort en apparence. Et la créature qui lui faisait face avec un sourire belliqueux sur le visage ne semblait pas le moins du monde inquiète de la situation.
Bien au contraire même, il semblait d’une confiance inébranlable. Une nouvelle personne vint rejoindre le lieu où ils étaient présents tous les trois. Balco détourna son regard et reconnut rapidement la silhouette d’Anis.
Elle s’approcha à petits pas, mais pour la discrétion elle allait devoir repasser. Même Balco l’avait remarqué, c’était dire son manque flagrant de réussite. Une épée courte à la main droite, elle s’avançait vers la créature néfaste. Tout son bras gauche était couvert d’un sang rouge brun qui commençait à coaguler de façon difforme.
Balco ne connaissait pas le déroulement du combat pour les autres compagnons, mais à première vue ce ne fut pas aussi simple que de renverser l’empereur. Ils avaient à faire à un adversaire préparé, alors que l’empereur ne l’était pas !
Cette fois, il était dans la situation inverse. Il avait le rôle de celui qui subissait l’événement au lieu de le créer. Balco retrouvait le sourire légèrement. La présence d’Anis et d’Alendomïën libérée de son filet lui offrait une meilleure chance de survie.
Aussi difficile que cela pût paraître, c’était bel et bien là une nouveauté pour lui et il avait encore bien de la difficulté à le digérer. On souhaitait sa mort !
Une telle situation était impensable, il y a encore plusieurs jours en arrière. Tout changeait si vite. Et il devait tout apprendre en si peu de temps. Être un héros n’avait pas toujours que les bonnes facettes qu’on lui contait dans les histoires de son enfance.
Il n’avait pas le choix. Il devait faire avec. S’il n’avait pas voulu de cette vie, il n’aurait jamais suivi Homelf…
Anis plongea sur l’individu vêtu de noir son épée courte en avant d’elle. Rapide, il esquiva le coup et d’un mouvement de main il fit tomber l’épée courte. Elle eut à peine le temps de réagir et de se remettre en position pour se défendre qu’il était déjà trop tard. Un uppercut vint s’écraser sur son nez qui baigna dans le sang en quelques secondes. À peine un sourire sur les lèvres et il repoussa Anis d’une main ferme. Alors qu’elle hurlait de douleur en se tenant le nez à deux mains.
« Prête à mourir Alendomïën ? Questionna l’individu avec une énorme confiance.
— Lâche ! Gronda d’une voix puissante Hilld arrivant en courant sur les lieux. Affronte-moi, ce combat ne concerne que nous. Nous avons nos propres règles. Je t’ai défié, tu te dois de relever mon défi. Tu n’as pas le droit de fuir comme un lâche. Respecte nos codes… ensuite tu pourras continuer la tâche qui t’incombe. »
Balco ne comprenait pas le moindre mot que venait de crier Hilld. Il eut juste le temps de sentir la main d’Alendomïën qui lui agrippait l’épaule une fois de plus. Elle lui intima de la suivre.
« Laisse faire Manu, il est parfaitement capable d’arrêter cette vile créature, expliqua Alendomïën.
— Je ne relève pas ton défi Hilld ! S’exclama leur ennemi. Je connais nos règles tout aussi bien que toi, mais je ne suis pas là pour ça aujourd’hui. C’est fort dommage, car je suis certain qu’acquérir toute ta puissance me serait fort utile !
— Continue d’avancer, indiqua Alendomïën sans relâcher sa pression sur l’épaule de Balco. Il n’y a que Manu pour arrêter ce genre de créature. Même ma magie ne serait peut-être pas suffisante. »
Le commentaire d’Alendomïën ne fut pas du tout rassurant pour l’esprit de Balco. Alendomïën était en train de lui dire qu’une créature qui souhaitait le voir mourir était certainement capable de résister à la magie qui avait fait des ravages contre des armées de squelettes, des hordes d’araignées et contre l’archiviste de l’empereur.
Balco se sentait de plus en plus décontenancé. Une petite lueur d’espoir résidait au fond de lui, l’être démoniaque qui voulait le tuer semblait avoir été surpris par la présence de l’épée de la roche.
Certainement un avantage tactique à entrevoir, encore fallait-il être en mesure de pouvoir l’utiliser. Balco s’accrocha à cette idée, son épée pouvait lui accorder un avantage !
Il recommença à suivre Alendomïën en jetant quelques coups d’oeil en arrière de lui pour tenter de voir quelles manœuvres Hilld allait engager pour le retenir. Encore une fois, il ne put constater que l’immobilité de la part des deux protagonistes. Une observation silencieuse qui ne mènerait à rien.
L’éloignement et la présence des arbres l’empêchèrent très rapidement de continuer à épier de la sorte en arrière. Anis suivit également le groupe, elle restait légèrement en arrière de l’héritier de la nuit pour être certaine que personne n’était en train de suivre le groupe.
Balco ne regrettait pas d’avoir profité d’une nuit de sommeil au fond de la grotte, car cette cavalcade dans la forêt n’en était potentiellement qu’à ses débuts. Balco n’imaginait pas si bien penser ! La suite des événements allait lui donner complètement raison…
Une heure s’écoula. Alendomïën avançait toujours dans la même direction, voyant qu’Anis ne remettait pas en question le chemin emprunté par la magelsorf, Balco se contentait de suivre et de chercher des pièges tendus dans la forêt.
Cette recherche concentrait son esprit et ne lui laissait pas le temps de se poser des questions. Ce qui pour Balco était une bonne chose. Car aucune question n’aurait pu trouver de réponse immédiatement. Ni Alendomïën, ni Anis n’étaient disposés à converser pour le moment.
Leur cheminement n’était pas des plus serein. Comme pour leur donner raison, une nouvelle menace vint se révéler devant eux.
Balco ne vit rien arriver et il ne sut jamais si Alendomïën ou Anis avaient pu détecter cette créature plus rapidement que lui. Balco avançait toujours juste derrière Alendomïën, lorsqu’il se rendit compte que ses pieds étaient en train de marcher sur un sol spongieux. Alendomïën eut la même réaction, car elle ralentit le pas en regardant le sol d’un air soucieux.
Balco ne comprit pas. Mais Alendomïën se douta qu’un phénomène non naturel était en train de se produire. Elle poussa Balco avec force et magie en plaçant ses mains contre son torse. Balco décolla du sol et fut projeté sur une dizaine de mètres.
Il se retrouva à quatre pattes juste devant les pieds d’Anis qui regardait en direction d’Alendomïën. Son visage exprimait toute l’horreur de la scène. Balco se releva comme il put et constata la scène avec une profonde appréhension.
Une gelée verdâtre avait recouvert tout le corps d’Alendomïën. La magelsorf se débattait et semblait faire usage de sa magie, mais la gelée semblait insensible à toutes les tentatives de la magelsorf. En observant plus attentivement, Balco se rendit compte que la gelée s’étendait sur plusieurs dizaines de mètres recouvrant le sol, les arbres et la moindre présence animal ou végétal.
Difficile de dire si c’était une symbiose ou une sorte de prédateur. Balco fit tournoyer la lame de son épée dans les airs et décida de s’approcher lentement. Anis eut un geste pour le retenir, mais Balco ressentit le mouvement. Il lui fit un petit signe de la main pour lui signifier qu’il était persuadé de son action.
« Je ne sais pas à quoi nous devons faire face, mais en tout cas je ne vais pas laisser Alendomïën dans cette posture. Elle ne l’aurait pas fait si les rôles avaient été inversés. Je sais que je manque d’expérience et de personnalité… »
Balco gronda intérieurement. Il poussa un grand cri de rage pour se donner du courage : « Je suis Balco l’héritier de la nuit que j’y sois préparé ou non. C’est la réalité, je ne peux plus me détourner de ma destinée. »
Anis secoua la tête positivement et tira son épée courte de sa ceinture pour accompagner Balco dans sa démarche. L’un à côté de l’autre, ils avancèrent dans la direction d’Alendomïën. Cette dernière était immobile et toujours recouverte par l’étrange gelée verte qui recouvrait toute cette partie de la forêt.
Ils avancèrent prudemment jusqu’à arriver devant la limite de la gelée verte et le sol de la forêt libre. La gelée semblait être en vie et en pleine croissance, elle gagnait quelques millimètres à chaque instant. Balco était certain de voir progresser cette chose gluante à vue d’œil.
Anis donna un premier coup de la pointe de sa lame dans la gelée. Celle-ci s’écarta au contact de la lame, mais se referma tout aussi vite. Elle commença même à progresser le long de la lame.
Anis eut un réflexe rapide de retirer sa lame avec vigueur et il fallut toute cette spontanéité pour faire lâcher prise à la gelée. Elle semblait exercer une forte résistance sur la lame pour la retenir contre elle. Anis regarda la lame de son épée courte et fit la moue :
« On va avoir un peu de difficulté à se débarrasser de cette saleté ça semble vouloir tout dévorer ou recouvrir en tout cas.
— On doit arrêter ce truc gluant et vert, commenta Balco. Puis tailler un chemin jusqu’à Alendomïën. On ne va pas l’abandonner comme ça.
— Je ne souhaite pas l’abandonner, mais vraiment, je ne vois aucune solution pour le moment, indiqua Anis. Pourtant, soit certain que je cherche jeune héritier de la nuit. Je ne souhaite pas voir Alendomïën se faire digérer par cette chose.
— Je peux déjà tenter ça, s’exclama Balco avec vigueur. Et que Rouge soit avec moi ! »
Balco donna à son tour un coup d’épée dans la gelée. L’effet initial fut le même. La gelée se sépara à l’instant où elle entra en contact avec la lame. Mais cette fois, la gelée parut hésiter !
Un premier contact avec l’épée de la roche la fit s’en éloigner encore un peu plus ! Balco retrouva un large sourire. Son épée lui donner encore cette fois un avantage. Elle avait identifié son héritage, mais c’était surtout un cadeau providentiel que lui avait donné le grand maître.
À chaque rencontre, il découvrait qu’il pouvait se fier aux capacités de cette lame pour se sortir de toutes les situations. Balco gonfla ses muscles et commença à frapper, le plus rapidement possible, partout devant lui.
La gelée se rétracta rapidement. Les morceaux de gelée que Balco parvenait à détacher du corps principal se disloquaient en une poussière brune en quelques secondes. Balco avança de la manière la plus droite possible en direction de la magelsorf.
Anis surveillait le chemin creusé par Balco. Dès que la gelée tentait de prendre à revers Balco en refermant le chemin qu’il empruntait, Anis le prévenait. Balco faisait le nécessaire pour rétablir son couloir de sortie. Balco était à bout de souffle et les muscles de ses bras le faisaient atrocement souffrir.
Mais il continua sans faire paraître sa fatigue. Le nom de Rouge, son modèle, résonna plusieurs fois dans sa tête et lui permit d’oublier la douleur. Balco se retrouva juste devant le corps d’Alendomïën !
Avec précaution, il se contenta de faire toucher le bout de sa lame à la gelée verte en évitant de toucher le corps d’Alendomïën. La gelée dut certainement comprendre la motivation de Balco. Car au premier contact, elle se retira totalement du corps de la magelsorf.
Pratiquement inconsciente, elle tomba sur Balco qui l’attrapa d’un bras. Son épée de la roche d’une main, Alendomïën plaquée contre lui avec l’autre main, il progressa le plus rapidement possible pour quitter cette gelée verte.
Le chemin était déjà fait, mais Balco redoutait une ultime tentative de cette chose dont il ne savait pas donner un nom. Tout se déroula mieux que prévu, la chose gluante n’osa pas l’attaquer.
Il déposa Alendomïën au sol et se retourna rapidement pour tenir la chose en respect avec son épée. La gelée avait repris toute sa zone d’influence initiale. Elle progressait encore un peu plus. Un son caverneux, sans âme et inquiétant, fut émis par la gelée :
« Vile créature, ton épée me cause du tord ! »
Balco ouvrit de grands yeux remplis de surprise. Cette gelée n’était pas qu’un simple parasite qui digérait ses victimes. C’était également un être pensant capable d’élucubration.
« Vous avez commencé en nous agressant, je n’ai fait que me défendre, justifia Balco.
— Je me dois de vous capturer, gronda la gelée. Il est normal que je m’en prenne à vous ! »
Balco donna un léger coup dans la gelée qui se rétracta loin de la lame effroyable. « Comment ? S’écria Balco. Qui t’a demandé ça ?
— À ton avis, s’exclama une voix puissante à quelques mètres derrière lui. »
Balco n’eut pas besoin de se retourner pour comprendre à qui il avait à faire. « Je vous présente Gloki, une larve mutante régénératrice venue du Naüm, continua leur ennemi. C’est certain que l’on ne rencontre pas ce genre de monstruosité tous les jours.
— Tu t’es allié avec bien des créatures ténébreuses, commenta Alendomïën. Je n’aurais pas cru que tu pourrais tomber si bas.
— Si tu savais ma pauvre magelsorf, dit-il en ricanant franchement. De toute manière, tu ne vivras pas assez longtemps pour le savoir. Gloki, occupe-toi de ce jeune puceau. Il te donnera quelques coups d’épée, mais ce ne sera rien en comparaison de la souffrance que tu pourrais avoir si tu le laisses se sauver. »
Balco en eut le souffle coupé. La larve ne se fit pas prier plus longtemps et s’avança lentement vers Balco. Il donna des coups d’épées dans la larve, mais il n’y avait rien à faire, elle ne semblait plus vouloir reculer. Balco ne relâcha pas ses efforts malgré la fatigue accumulée. La pointe de sa lame déchira les entrailles de la créature.
Mais elle résista. Les pieds de Balco furent bientôt recouverts par la gelée. Balco tenta de se dégager, mais la progression lente de la créature s’opérait. Elle monta progressivement jusqu’à ses genoux, puis continua le long de ses cuisses.
Balco se savait perdu, mais il fit encore tournoyer le bout de sa lame tout autour de lui pour réduire en lambeau la gelée. Plusieurs morceaux de la larve devinrent des bouts perdus qui se dégradèrent rapidement. Il n’allait peut-être pas pouvoir se sortir de cette situation, mais cette créature allait garder un souvenir douloureux de lui !
La larve avait totalement recouvert le bas de son corps et elle continuait à monter méthodiquement. Balco ne relâcha ses efforts que lorsque la larve atteignit ses épaules le forçant à ne plus bouger ses bras. Balco immobile sentit l’épée de la roche glisser le long de ses doigts.
La dernière image fut celle de son épée rebondissant au sol sur la larve verdâtre. Ses yeux furent recouverts bientôt à leur tour. Sa vaillance n’avait pas pu le débarrasser de cette créature des ténèbres. Balco repensa à sa mère et à toutes les histoires qu’elle avait pu lui conter…
L’explication des ténèbres divisées en quatre grandes familles. La plus connue d’entre elles étant la famille du chaos. Le Naüm était l’une des autres…
Gloki avait recouvert l’intégralité du corps de l’héritier de la nuit. Sa victime était amorphe.
Le temps d’inconscience de Balco fut extrêmement court ! Ses yeux retrouvèrent leur usage et son cerveau fut de nouveau capable d’interpréter les images. Balco ne fut pas rassuré pour autant, il était allongé sur le sol. La larve semblait avoir complètement disparu. Agenouillée au-dessus de lui, se tenait une créature qu’il n’espérait pas !
Pourtant, le doute s’empara de Balco. Les traits étaient les mêmes, il y avait pourtant un léger sourire dessiné au creux de ses lèvres qui ne semblait pas exprimer de la méchanceté.
« Heureux de te voir encore de ce monde, commenta son sauveur. J’ai achevé le travail que tu as fait. Cette larve avait déjà bien souffert. J’ai emprunté ton épée pour achever ce que tu avais commencé. La larve a fui pour se régénérer. Vu les dégâts que nous lui avons fait subir, j’espère bien que nous avons un long moment avant de la revoir. »
Toujours penché au-dessus de lui, il tendit à Balco son épée de la roche. Il la plaça directement dans la paume de sa main. « Ceci est à toi, jeune héros, continua-t-il. Le grand maître n’aimerait certainement pas que tu la perdes.
— Mais qui êtes-vous ? Questionna Balco avec incrédulité.
— L’unique Géhun, dit calmement son sauveur.
— Unique ! Répéta Balco. Alors, l’autre qui vous ressemble comme deux gouttes d’eau n’est pas vous ?
— C’est une trop longue histoire, mais c’est bien ça, déclara Géhun. Je ne te demanderais pas de croire que je conte la vérité. Personne ne lui a donné le moindre crédit jusqu’à présent. Le grand maître m’a formé comme les autres pour protéger les héritiers. Je respecterais la volonté du grand maître malgré les difficultés.
— C’était vous dans le Palacium ? Vous qui avez tué l’empereur ? Interrogea Balco.
— Parfaitement, dit Géhun avec un calme désarmant. Mais ceci doit rester entre nous. Pour l’histoire tu seras celui qui a renversé l’empereur pour l’avènement des héritiers ! »
Balco hésita à répondre. Il fit une petite moue et se redressa maladroitement. Il tourna la tête de droite à gauche, mais n’y vit que la forêt de tout côté. Pas de Gloki, ni d’Alendomïën, ni même d’Anis.
« Où sont-elles ? Demanda nerveusement Balco. 
— Capturé par notre ennemi commun, jeune héritier, indiqua Géhun avec un calme similaire à celui de Hilld. Les délivrer va être ta prochaine tâche.
— Et, pourquoi pas, vous ? Questionna Balco en fronçant les sourcils.
— J’aimerais vraiment, décréta Géhun. Je ne peux pas prendre le risque d’intervenir directement. Notre ennemi sera là, mais également Alendomïën qui me pensera mauvais. Je dois regagner leur confiance et non pas me faire tuer pour le plaisir de mes amis !
— Je concède que cette situation n’est pas des plus triviales, souligna Balco. Si je peux faire quelque chose pour t’aider à éclaircir cette situation…
— Pour le moment, c’est inutile, déclara Géhun. Ils ne sont pas prêts à écouter la vérité. Je dois fournir des preuves de ma bonne foi et même encore là… Je ne suis pas certain d’y parvenir. Je pense qu’il serait préférable pour toi que tu n’évoques pas le sujet. Mes vieux amis pourraient envisager que j’ai corrompu ton esprit.
— Ce n’est pas gagné dans ce cas, dit Balco.
— Je ne vous le fais pas dire jeune héritier, déclara avec une pointe de sourire Géhun. C’est ma vie de tous les jours depuis quelques années. Bien, ce n’est pas tout, il est temps pour toi d’aller sauver deux elfes en mauvaises postures !
— Moi tout seul ! S’exclama Balco.
— Je ne serais jamais bien loin de toi pour te protéger, mais dans la mesure du possible, je vais m’abstenir, si l’un des élèves du grand maître est à tes côtés, souligna Géhun. Sauf absolue nécessité, comme ce fut le cas au palais de l’empereur. Et si ta vie est en jeu, je sacrifierais la mienne pour te sauver tu peux en être certain. »
Géhun indiqua une direction à Balco en tendant son bras droit. « Va droit dans cette direction pendant quelques minutes, ajouta-t-il. Tu trouveras une bande de barbares qui t’attend. Ce sont de très bonnes connaissances et ils sont ici pour te venir en aide. Tu auras besoin d’eux pour délivrer Alendomïën et Anis. Ton épée même magique ne te sera pas d’un grand secours. Lorsque tu trouveras les barbares, dis-leur de prendre la direction du Nord-Ouest. Vous devriez tomber quasiment sur celles que tu vas chercher.
— Merci, dit simplement Balco. Vous faites beaucoup pour moi sans rien me demander en retour.
— Si je dois vous demander quelque chose, ce sera de rester en vie, commenta Géhun. J’ai bon espoir de parvenir à dissiper les doutes et reprendre ma place. Mais si vous deviez disparaitre, cela me causerait bien plus de tors encore. Difficile d’imaginer une situation, qui serait encore plus déplorable, mais je suppose que cela pourrait tout de même encore survivre un peu. »
Balco accorda un sourire à son interlocuteur, puis il prit la direction qui lui avait été indiquée. Il tenait son épée d’une main, le regard vigilant sur tout son environnement. Il jeta un regard en arrière de lui, mais Géhun avait disparu sans laisser la moindre trace. Balco ne savait pas que penser de cette histoire. Est-ce qu’il avait à faire à deux créatures distinctes et totalement opposées l’une à l’autre ? Ou bien…
Serait-ce possible que cet humain soit devenu fou avec plusieurs personnalités au fond de lui ? Il avait entendu les explications de Hilld, d’Alendomïën, de Rosental et des autres. Difficile de ne pas donner crédit à cet idée qu’il avait à faire à un personnage ayant perdu la carte !
Il ne savait plus qui croire. S’il écoutait son instinct, il souhaitait croire en la personne qui lui avait sauvé deux fois la vie en seulement quelques jours. Il se sentait bien seul et désemparé devant cette situation.
Il se décida à suivre malgré tout, la direction que l’on venait de lui conseiller, sans savoir dans quoi il était en train de s’aventurer. Et si c’était un piège ?
Balco hésita. Il s’arrêta sur place quelques secondes pour réfléchir. Cela lui semblait stupide ! Pourquoi l’envoyer droit dans un piège ? Et surtout pourquoi l’avoir sauvé de cette larve, si c’était pour le piéger d’une autre manière ? Cela n’avait réellement aucun sens.
Balco se rassura ainsi au moins pendant un court instant. Juste court, car une nouvelle sueur froide l’attendait. Balco se remit à marcher. Il contourna un bosquet touffu et sans s’en rendre compte, il tomba nez à nez avec une montagne de muscles !
Balco sursauta et laissa échapper maladroitement son épée de sa main, sa lame se figea dans le sol. Désarmé sans n’avoir pu entreprendre un seul geste censé ! Il leva les yeux au-dessus de lui. Balco dévisagea un massif visage. Pas de sourcil, aucun cheveu sur la tête, de grands yeux noirs. Des lèvres fendues en plusieurs endroits. Le torse complètement dénudé, juste un pagne en peau de bête entouré autour de ses hanches. Une massive hache aussi impressionnante que celle du nain fermement accroché dans l’une de ses mains. Le manche posé sur son épaule.
Balco ravala sa salive et n’osa plus parler. Un autre barbare dans le même accoutrement s’approcha. Le visage moins fermé, plus souriant. Enfin pour un barbare. Des cheveux brun coupé très court. Balco avait la bouche sèche.
Géhun lui avait dit de demander de l’aide à des barbares, mais il ne s’attendait pas à croiser des humains si grand et si large. Ils étaient bâtis entièrement de muscles et de rien d’autre. Même le forgeron de son village natal qui était pourtant une force de la nature n’arrivait pas à la cheville de ces deux barbares.
Le chauve continuait d’observer Balco avec un œil mauvais et sans rien dire. L’autre s’approcha un peu plus et lança quelques mots d’une voix puissante : « Maigrichon. Cheveux noirs en bataille. Maladroit ! Tu corresponds à la description. »
Balco afficha un léger sourire devant ce portrait, mais il ne pouvait que corroborer à celui-ci. « Bratlun ! Déclara sèchement le barbare aux cheveux bruns. »
Balco le regarda incrédule ne comprenant pas ce mot. Le barbare explosa d’un rire chaleureux. « Mon nom, Bratlun ! Répéta en riant le barbare. »
Balco fut confus de n’avoir pas compris qu’il s’agissait de son nom dès le départ. Il baissa légèrement la tête et répondit : « Mon nom, c’est Balco. Je suis ravi de vous rencontrer monsieur Bratlun.
— Toi petit, tout petit, déclara le barbare chauve. Encore bébé ?
— Non, ce n’est pas un barbare voilà tout, expliqua Bratlun en continuant de rire. Messire Balco, voici Tongulre. Pas connu pour son langage, mais pour sa force brute.
— Je n’ai aucun mal à vous croire, dit Balco en ouvrant de grands yeux. Je pense que c’est la première fois que je vois autant de muscles développés en une seule personne.
— Merci, gronda Tongulre en affichant un large sourire édenté.
— Pas ici pour discuter muscle, souligna Bratlun. Ami commun, nous dire attendre. Toi, nous indiquer suite. C’est toi le chef !
— Vous êtes seulement vous deux ? Questionna Balco.
— Oui ! Affirma sèchement Bratlun. Pensez-nous pas à la hauteur ?
— Nullement, répondit Balco avec conviction. Notre ami commun m’avait parlé d’un groupe de barbares, je m’attendais à un groupe plus grand par le nombre. Je vais avoir besoin de vous pour délivrer deux demoiselles elfiques.
— Femelles ! Grogna Tongulre avec enthousiasme.
— Parlez-nous plus vite de cette histoire, enchérit Bratlun. En route pour sauver donzelles ! »
Balco se demanda s’il avait bien fait d’évoquer ce sujet. Les barbares étaient motivés en tout cas. Il eut juste l’occasion de leur indiquer la direction qu’ils commencèrent à courir en beuglant. Balco se mit à rire nerveusement. Ses deux forces brutes n’avaient pas beaucoup de cervelles, mais ils avaient un bon fond.
Balco plaça son épée dans son fourreau et se mit à courir à la poursuite des barbares. La forêt était remplie d’obstacles, de buissons, de ronces et de branches basses. Les deux barbares se moquaient joyeusement de tout cela. Ils avançaient droit devant eux sans se poser de question.
Balco en était à se demander s’ils auraient dévié leur trajectoire même avec la présence d’un tronc d’arbre massif. Balco s’essouffla vite. Les derniers jours avaient été éprouvants. Depuis l’attaque des araignées, il ne faisait que fuir, combattre ou courir. La forme physique des deux barbares eut raison de ses faibles réserves. Il voyait les barbares s’éloigner progressivement de lui. Il crut les perdre de vue, lorsqu’ils se mirent à hurler de plus belle.
Balco s’arrêta à bout de souffle. Il avança lentement en soufflant fortement, ses deux mains posées sur ses hanches. Après quelques pas lents, il put apercevoir Alendomïën et Anis qui étaient attachés à un tronc d’arbre avec des cordes solides. Il n’y avait pas de trace de la créature similaire à son sauveur.
Les deux barbares hurlaient toujours aussi fort en coupant les liens retenant prisonniers les deux elfes. « Femelles jolies ! Hurla Tongulre. »
Balco s’approcha lentement en ayant un large sourire sur les lèvres. Alendomïën fut libérée de son cordage et jeta un regard méfiant en direction de l’héritier de la nuit.
« Où as-tu trouvé ces deux écervelées ? Questionna-t-elle. »
Balco fit grise mine, il espérait qu’elle serait heureuse de le savoir en vie. Mais non, elle ne s’occupait que de la présence des deux barbares. « Toi marier moi, s’écria Tongulre avec force en frappant avec vigueur sur sa poitrine pour accompagner sa demande. »
Balco se retint d’exploser de rire en voyant le visage d’Anis se décomposer à cette demande en mariage si soudaine. Elle dévisagea le barbare qui lui faisait une bouche en cœur. Il était véritablement sérieux dans sa démarche ! Anis se reprit et répondit du tac au tac. Elle s’approcha de Balco avec vigueur et l’enlaça entre ses bras !
L’héritier de la nuit n’imagina pas un instant ce qui allait se passer. Anis plaqua ses lèvres contre les siennes et déposa un long baiser plein de vigueur et de passion. Balco se sentit défaillir. Une représentante des elfes qui l’embrassait !
Les jambes de Balco tremblèrent sous l’émotion et elles avaient un mal fou à le soutenir efficacement. Anis tout sourire lui fit un clin d’œil en desserrant son étreinte. Balco se laissa choir sur les fesses en n’en revenant toujours pas.
Anis tourna la tête vers le barbare et déclara : « Je suis déjà avec ce jeune garçon. Je ne peux pas le tromper pour votre seul bonheur.
— Tongulre comprend, lança-t-il. Homme maigrichon être guerrier légende. Tongulre pas combattre guerrier légende. Même pour belle femelle.
— Par contre, cette autre demoiselle est libre de ce que je peux en savoir, lâcha Anis avec un éclat de rire cristallin !
— Anis ! S’écria Alendomïën avec horreur. Tu me paieras ce coût-là ! »
Le barbare retrouva son sourire et regarda Alendomïën avec de grands yeux pleins d’amour. « Moi aimez-vous, conta Tongulre avec une finesse toute barbare. Marié ?
— Nous pourrions apprendre à nous connaître, dit Alendomïën en avalant plusieurs fois sa salive. Discuter pour mieux se connaître.
— Tongulre pas discuter, gronda-t-il. Tongulre veut fils !
— Ça a le mérite d’être clair, soupira Alendomïën. Je constate un peu mieux ce qui peut vous attirer chez moi.
— Vous, pas muscle attirant, ajouta Tongulre. Vous, corps agréable pour mon regard.
— Je vais prendre ça pour un compliment, déclara Alendomïën avec ton désespéré.
— Bien d’accord avec toi monseigneur tout en muscle. C’est ce que l’on appelle une fille que l’on mettrait bien dans notre lit ! Commenta Lobyron. »
Alendomïën donna un regard noir de colère dans la direction de Lobyron. Elle voulait hurler contre lui, mais elle se ravisa. Elle trouva même un léger sourire en apercevant Hilld juste à côté de Lobyron. Manu ne s’occupait pas du groupe, il observait tout autour de lui avec inquiétude. C’était rare de sentir une émotion transparaître sur son visage.
« Tongulre, bien que j’ai une grande estime pour vous et l’amour que vous me portez. Mon cœur est déjà pris par quelqu’un d’autre, expliqua avec le plus grand sérieux Alendomïën dont la mine avait retrouvé des couleurs.
— Je suis certain que cela n’est pas un problème, commenta Lobyron avec un clin d’œil amusé pour Alendomïën. Monseigneur tout en muscle est intéressé que par ton corps, il ne sera donc pas jaloux. Il acceptera de te partager avec un autre.
— Ne me provoques pas trop, mastiqua Alendomïën entre ses dents serrés. Je ne suis pas d’humeur à supporter ça bien longtemps.
— Tongulre défier amour fille elfique, indiqua-t-il. Le plus fort gagne droit sur fille. »
Alendomïën esquissa un nouveau sourire. D’un geste rapide de la main, elle désigna avec son index la direction de Manu. « Voilà par qui mon cœur est pris ».
Hilld haussa un sourcil de surprise. Mais ne sembla pas plus inquiet que cela. Le barbare chauve poussa un cri qui fit trembler Balco encore assis sur le sol incapable de comprendre ce qui venait de lui arriver.
Tongulre fonça tête baissée dans la direction de Hilld. Les deux mains tendues vers lavant. Il entra en contact de Hilld et exerça toute sa force contre le torse de Hilld. Ce dernier ne bougea pas d’un seul centimètre. Immobile malgré toute la puissance exercée par le barbare. Les muscles gonflés, les joues rouges. Tongulre ne parvenait pas à déplacer son concurrent.
Tongulre recula et inclina grandement la tête devant Manu. « Toi très fort, déclara-t-il avec une voix remplie d’admiration. Plus fort que Tongulre. Respecter homme fort. Femme pour toi, Tongulre pas encore assez fort !
— Merci barbare, lança Hilld. Ta force n’est pas ridicule, crois-moi. Ce fut un honneur de pouvoir me mesurer à toi.
— Honneur moi-aussi, ajouta Tongulre en se redressant. »
Il repartit à pas lent en direction de Bratlun. « Fille pas moi, dit Tongulre d’un ton lugubre pour son compagnon. Plus fille pour Tongulre.
— Si c’est une fille que tu cherches, lança Lobyron. Il y en a une autre qui nous accompagne.
— Lobyron ! Hurla Alendomïën. »
Le guerrier lui fit un sourire plein d’innocence. « Tu penses que ce serait mal de notre part de parler de Mardeën à ce gentil barbare, questionna Anis avec un large sourire.
— Dis comme ça, soupesa Alendomïën. Ce ne serait pas très sympathique de notre part. Enfin, que cela ne te fasse pas croire que j’ai oublié ton coup de crapule. Je me vengerais en temps voulu.
— Je n’en doute pas, dit Anis amusé. »
Elle aida Balco à se relever en lui souriant. « Je m’excuse jeune héritier. Je ne voulais pas vous troubler par mon geste. Et n’aller pas y voir quelque avance que ce soit.
— À d’autres ! S’étouffa Lobyron en se gaussant. Ça commence par un baiser dans la forêt et ce soir sous un lit de feuille ce sera le festival. La soirée de notre héritier s’annonce mouvementée. »
Anis devint rouge de colère. « Malotru, s’égosilla-t-elle ! Je ne suis pas une des souillons que vous croisez le soir dans les tavernes. Gardez vos mesquineries pour vous. Ma patience est bien moins développée que celle d’Alendomïën. »
Lobyron ne pipa rien, il se contenta d’un large sourire espiègle. Alendomïën se tourna vers Hilld avec de grands yeux pleins de questions. « Je n’ai pas besoin de savoir si tu le sais, indiqua-t-elle. Dis-moi où nous sommes.
— Bien trop haut. Nous avons suivi une piste qui nous a entraînés vers le nord. Bien plus que nous aurions dû le faire, ajouta Manu. Nous nous sommes bien dirigés vers l’ouest de manière générale. Mais les différentes altercations avec les nombreux pièges et créatures qui furent dressés contre nous nous ont entraînés progressivement vers le nord. Je ne sais pas ce que cela signifie, mais tel que nous connaissons notre ennemi ce n’est certainement pas un hasard. Un piège encore plus grand est en train de se refermer sur nous ! Mais je n’en connais pas encore la teneur.
— Les araignées ne venaient-elles pas du nord, questionna Balco encore très rouge du baiser qu’Anis lui avait donné.
— C’est parfaitement vrai, indiqua Manu avec un visage toujours aussi impassible. Vu l’assaut que nous avons subi, c’est bien possible. Cela indiquerait qu’il y a derrière tout ça une araignée impératrice ! Si c’est réellement le cas, notre situation devient de plus en plus précaire. Nous devons absolument éviter une confrontation avec une impératrice. Pas que cette araignée soit inquiétante en soi. C’est surtout qu’elle ne se déplace jamais seule ! Nous aurions à faire à plusieurs milliers d’araignées de tous les genres possibles.
— Nous devons rejoindre Petit-Village par tous les moyens nécessaires sans nous détourner de notre route, commenta Alendomïën. Le grand maître avait bien évalué les ressources nécessaires pour renverser l’empereur. Mais il n’avait pas prévu cette intervention extérieure sur le chemin du retour.
— Le grand maître ne peut pas être tout le temps derrière nous, gronda Hilld. Il nous a formés pour que nous ayons les ressources pour réagir à toutes les situations. Nous avons appris nos forces et nos faiblesses avec lui, à nous de faire usage de son apprentissage pour nous sortir de ce piège.
— Nous le ferons, ajouta Alendomïën. Pour une fois, nous devrons agir sans avoir l’assurance que le grand maître est derrière nous pour nous protéger. »
Alendomïën serra les poings en fixant nerveusement son regard sur celui de Hilld. « Direction Petit-Village, tempêta-t-elle. Je me répète, mais nous devons plus être détournés de cette voie quoiqu’il puisse advenir. Imaginez bien que le pire serait de toute manière de tomber dans le piège qui nous est destiné.
— Pas de place pour le hasard ou pour la chance, commenta Manu. C’est un adage qu’il respecte. Donc méfiance. Il a obligatoirement prévu un cas où nous chercherions à éviter son piège.
— On ne va pas commencer comme ça, tança Alendomïën. Si nous commençons à nous demander ce que nous pourrions faire pour éviter le piège, car il aurait pu y penser et donc il faudrait avoir la pensée de sa pensée pour penser autrement. Stop à la cogitation, c’est plus le temps. On reste simple et on s’y tient. L’objectif de base, c’est de rejoindre Petit-Village. Nous retrouverons sur place quelques alliés supplémentaires. Même si je doute fortement que nos quatre coincheurs puissent réellement nous apporter une aide importante. Toutefois, nous serons mieux dans une cité que perdu au cœur des bois. »
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