Chapitre 3 : La nouvelle légende

À une petite centaine de kilomètres de l'armée de Lichn, au milieu de la dense forêt du grand maître, tout était bien calme en apparence. Les troupes de Lichn s'approchaient chaque jour un peu plus de cette forêt, sans pourtant chercher à y entrer. Le nécromant noir n'était pas assez fou pour tenter un affrontement direct contre le grand maître. Même si ce dernier travaillait pour ralentir sa progression, Lichn n'avait pas les pouvoirs suffisant pour le combattre. Peu de personnes sur Sulder pouvaient se permettre de défier le plus grand formateur de l'énergie et Lichn n'y faisait pas exception.

Si la forêt était calme, l'ambiance était tout autre dans la demeure du grand maître. Posée au milieu de la forêt, elle était petite et anodine, presque invisible dans cette nature. On pourrait la prendre pour une simple petite cabane en bois dont la porte éclairée par deux modestes torches qui contribuaient à ce charme magique. De l’extérieur, c'était bien une cabane simple et tranquille, mais de l'intérieur…, la magie du grand maître agissait ! La demeure atteignait des proportions insoupçonnables. Plusieurs centaines de pièces se trouvaient là ! Les unes à côté des autres, certaines souterraines, d’autres invisibles apparaissant qu’à des moments précis. La cabane était dotée de sa propre conscience qui lui permettait d’évoluer dans le temps. La superficie globale de la demeure dépassait très amplement la taille de la cabane visible de l'extérieur.

Au cœur de la demeure, le grand maître venait de convier ses hommes de main les plus fidèles à une réunion secrète. Il luttait contre la montée des forces des ténèbres comme à l'accoutumée. Ce combat le tenait à cœur depuis plus de trois mille ans. Et il continuait encore inlassablement d'espérer qu'un jour le mal disparaîtrait de la surface de la planète… et que le mot paix ne soit plus une utopie sur Sulder. Depuis la mort de Rouge, il était bien difficile même pour lui de renouer avec cet espoir. Les forces des ténèbres étaient, chaque jour, un peu plus présentes et ses amis un peu moins nombreux. L'Empire le surveillait afin qu'il reste cloîtré dans sa demeure, car l'empereur ne voulait pas que le grand maître fasse usage de son énergie. Cela pourrait contribuer au retour de Demondai sur Sulder et cette fois Dame Inima ne pourrait rien pour l'empêcher de mettre un terme à l'existence de Sulder… la dernière planète de l'univers !

Un bureau modeste servant de bibliothèque personnelle au grand maître était le lieu de cet entretien. La poussière était bien plus que présente, le grand maître pourtant soigneux n'y prêtait guère attention dans cette pièce. C'était son refuge lorsqu'il avait besoin de réfléchir. Replongeant dans les vieux manuscrits qu'il avait pu collecter au cours des siècles. Il conservait par exemple, avec la plus grande attention, les premiers textes de loi de l'Empire. Il était le seul à pouvoir se vanter d'avoir connu la création de l'Empire et surtout d'y avoir contribué. Il avait les manuscrits signés de la main de l'empereur Sylvain 1er déclarant que le grand maître pouvait à tout moment reprendre la main de l'Empire sans que nul ne puisse contester son autorité ! Ce bout de papier signé par le premier empereur de l'Empire, le grand maître pouvait en faire usage, reprenant l'Empire en main d'un seul coup ! Il aurait des milliers d'hommes et de chevaliers à sa solde. La guerre contre les forces des ténèbres pourrait basculer avec cette simple lettre, mais le grand maître ne souhaitait pas en faire usage. Il avait foi en tout ce qui vit et une patience au-delà de toutes limites. Il sentait qu'un jour l'Empire viendrait se rallier à lui, comme à la grande époque, et il ne voulait pas forcer le destin de cette manière.

Les bibliothèques de la pièce recouvraient entièrement les murs dont on ne pouvait pas distinguer la couleur. Elle était petite, une dizaine de mètres carrés seulement. Au centre de la pièce, une petite table en bois léger, le bois était noir comme du charbon du à son grand âge. Le grand maître lui-même ne savait plus quand il avait acquis cet objet. C'était un cadeau de Rougue, d'après ses souvenirs, ce qui signifiait qu'elle avait au moins deux cents ans. Le grand maître y avait posé plusieurs gros ouvrages, dont un qu'il était en train d'écrire ! Il commençait sa grande encyclopédie de l'énergie. Profitant d'être cloîtré dans sa demeure, il écrivait le livre décrivant toutes ses connaissances, afin de les faire partager au futur suldurien, au cas où… la mort finirait par décider de l'emporter. Une grande carte moisie et déchirée représentant l'île Saol recouvrait la table comme une nappe. Le grand maître avait posé quelques bouts de papier pour représenter la position de ses alliés sur cette carte, ainsi que la position estimée du nécromant noir Lichn et de ses troupes.

— Nous savons déjà cela grand maître, dit avec dépit Manulitocarios. Nous connaissons la légende, vous nous l'avez compté à mainte reprise. J'en connais de nombreux détails, mais pas une seule preuve de la véracité de cette légende.

— Faites comme bon vous semble ! Dit le grand maître. Je ne vous ai jamais obligé à me rejoindre dans cette quête. Partez combattre Lichn si cela peut vous faire plaisir, revenez lorsque vous en aurez fini avec lui. Les prochaines créatures des ténèbres seront encore plus puissantes et se ligueront contre vous !

— Grand maître ! Déclara Taruis. Je comprends l'amertume que nous sommes en train de vous faire subir. Nous ne vous abandonnons pas, mais nous pensons qu'il est plus urgent de détruire Lichn que de chasser des légendes.

— Va Taruis…, dit le grand maître en se laissant retomber lourdement sur son fauteuil avec une mine dépitée. »

Manulitocarios s'en voulait ! Il ne souhaitait pas être contre le grand maître qu'il respectait énormément. Il voulait agir. Il trouvait le grand maître trop en retrait par rapport au problème Lichn. Manulitocarios soupirait constatant que le grand maître ne le regardait même plus et qu'il avait baissé la tête pour réfléchir calmement… Manulitocarios était un représentant privilégié des affinités des elfes et des humains. Son père était un humain et sa mère une elfe. Il avait acquis les qualités des deux espèces, l'agilité des elfes et la force des humains. Ses traits étaient ceux d'un elfe. Des cheveux blonds, longs et très fins, brillant d'un éclat doré à la lumière d'un soleil. De grands yeux bleus très clairs donnant l’illusion que ses pupilles ne sont que des nuages passants dans ciel… Un long nez fin et pointu. Souvent habillé en tenue vert feuille classique des elfes de la forêt défendue, pour se déplacer à l’extérieur. Il préférait revêtir sa tenue de garde de l'Empire au service de Taruis pour les réunions officielles. C’était une tenue grisâtre qui lui serrait tout le corps de manière harmonieuse. Manulitocarios se leva de sa chaise et s'excusa auprès du grand maître :

« Grand maître ! Implora Manulitocarios. Laissez-nous commettre nos erreurs de jeunesse ! »

Le grand maître redressa sa tête en regardant froidement l'elfe dans les yeux. Il l'observa quelques instants, puis un sourire se dessina lentement dans sa barbe blanche. « Vous avez raison Manulitocarios, dit le grand maître avec un grand calme. Vous devez acquérir la sagesse en provoquant vos propres erreurs. J'aurais tenté de vous mettre en garde, j'espère que vos erreurs ne causeront pas des problèmes que nous ne pourrons plus résoudre. Ce que vous êtes en train de décider aujourd'hui peut avoir des conséquences que même moi je ne pourrais pas rattraper!... Taruis ! Manulitocarios!... Vous souhaitez combattre les ténèbres de face et avec vos capacités, c'est très noble de votre part… Mais soyez prudent.

— Nous le serons grand maître, dit Taruis en réajustement un grand chapeau pointu et vert pâle au-dessus de sa tête. Nous vous resterons fidèles grand maître ! Nous partons juste quelque temps pour accomplir une tâche qui nous semble plus importante que la recherche de vos héritiers issus d’une lointaine légende. »

Le grand maître laissa légèrement tomber sa tête en avant devant le choix de ses amis. Agal, jusqu'à présent très silencieux comme bien souvent et qui connaissait parfaitement le grand maître pour avoir le même âge que lui à quelques années près, savait que ce dernier avait raison de ne pas lutter contre Lichn. Agal se dressa de son siège avec un regard noir et léger en direction de Taruis : « Cher magicien… »

Agal aurait bien voulu continuer sa phrase, mais il fut coupé par un grand cri de refus ! La salle s'illumina d'un grand flash bref et intense. Agal fut obligé de plisser les yeux pour ne pas être ébloui. Malgré ses réflexes encore importants, il fut incommodé et ne put voir ce qui se passait vraiment… Le grand maître redressa très vite la tête et ne sembla pas le moins du monde affecté par le flash. Une jeune elfe apparu au centre de la salle la main tendue vers le grand maître en hurlant : « NON ! ».

Elle écarquilla les yeux en voyant le grand maître et devint rouge de honte. Elle baissa la tête en se mordant les lèvres. « Je vous demande pardon grand maître, je ne voulais pas arriver comme cela !

— Anis ! S'exclama le grand maître avec un ton de surprise non dissimulé. Voilà une entrée des plus fracassantes, vous m'aviez habitué à beaucoup plus de discrétion.

— Ce n'était pas de mon intention de me faire remarquer de la sorte, répondit Anis en continuant de rougir et en commençant à verser une larme.

— Que se passe-t-il Anis ? Demanda le grand maître sentant que la jeune elfe n’était pas d’humeur à plaisanter.

— J'aurais du mourir des mains de Lichn, il n'y a même pas une minute, dit Anis avec une profonde tristesse. Mais un jeune garçon s'est sacrifié pour me laisser la vie !

— Oh ! S'exclama le grand maître avec une tristesse montant dans sa voix à son tour. »

Il se dressa de son siège et s'approcha d’Anis pour l'aider à se relever : « Racontez-moi tout cela Anis, dit le grand maître. Vous avez fait une rencontre très particulière. Un jeune homme préférant sacrifier sa vie pour celle de sa dulcinée est chose courante, mais pas pour une inconnue !

— C'était la première fois qu'il rencontrait une elfe, dit Anis entre deux sanglots. Je pense qu'il croyait que j'avais plus de valeur que lui… Alors que je ne suis pas grand-chose !

— Absolument pas jeune elfe, tonna le grand maître. Mais quoi que je dise vous partirez à sa recherche, alors allez-y avant que les nouvelles ne soient trop anciennes… »

Taruis et Manulitocarios saluèrent le grand maître, Agal et Anis avant de quitter la pièce. Manulitocarios était heureux et impatient de livrer bataille contre le nécromant noir. Taruis plus méfiant, il connaissait le grand maître depuis quelques années et il se méfiait de ses changements d'humeur ! Le grand maître n’était jamais méchant et toujours de bon conseil. Il avait certaines idées bien arrêtées sur certains sujets et rien ni personne ne pouvait lui changer cela. Si sa colère venait à monter, c’est qu’il y avait des raisons. Toutefois, il les avait laissé partir !… Le grand maître avait peut-être une petite idée derrière la tête!...

Agal regarda attentivement le visage impassible du grand maître. Puis lorsque Manulitocarios et Taruis quittèrent la salle, il lança : « Vous êtes fou grand maître ! Pourquoi leur donner cette autorisation ? » Le grand maître fixa Agal avec un sourire : « Allons Agal vous me connaissez depuis presque mes débuts, vous devriez savoir que je ne fais jamais rien par hasard ! Il réside toujours en moi une petite idée dans un coin de l'esprit !

— C'est bien pour cela que je vous pose la question, dit Agal en souriant. Je ne vois pas ce que vous attendez de Taruis et Manulitocarios ?

— Qu'ils ramènent Lichn sur la cité de Haches ! Déclara sèchement le grand maître. S'ils y parviennent, je le détruirais moi-même !

— Vous avez l'intention de sortir de votre demeure ? S'étonna Agal.

— Tout à fait maître des eaux ! Dit le grand maître sereinement.

— Mais!... Dit Anis surprise elle aussi.

— Vous allez vous mettre à dos l'Empire, enchaîna Agal.

— Non ! L'Empire va tomber ! Clama le grand maître sans aucune émotion dans la voix. Je vais envoyer mes apprentis renverser l’Empire très prochainement. Il est temps que les choses changent ! Homelf et Manulitocarios n'ont pas tort, il faut commencer à agir avant qu'il ne soit trop tard. C'est avec un Empire fort que je trouverais les héritiers. Je n'y avais pas pensé immédiatement… Mais si je reviens au-devant de la scène, cela risque d'attirer les jeunes et je finirais par trouver ce que je cherche !

— Vous allez défier l'Empire ! Vous allez détruire l’Empire ! Dois-je vous rappeler grand maître que c’est vous qui l’avait construit ! Dit Agal toujours sous le choc. Vous… Vous… allez mettre fin à l’une de vos plus belles créations dans ce monde.

— J'ai donné vie à un Empire combattant les ténèbres, s'écria nerveusement le grand maître. Et non un Empire qui fuit le danger et ses responsabilités ! L'empereur Truiki n'est pas digne de son ancêtre l'empereur Sylvain 1er. Je n’ai jamais dit que j’allais détruire l’Empire, juste le remettre dans le droit chemin. Je pourrais le faire moi-même, mais ce changement doit venir de l’Empire lui-même pour que ce soit encore plus efficace.

— Je suppose que vous avez déjà prévu quelques petites choses pour éviter un soulèvement de l'armée impériale contre vous, demanda Agal inquiet.

— J'ai le soutien de Dame Inima, ses guerriers de la Guilda vont bientôt terminer leur formation et elle a prévu de me les envoyer en stage durant quelque temps pour les initier à l'énergie ! Aliens vient de m'envoyer plusieurs milliers de ses lézards noirs qui arriveront très prochainement à Haches. La cité de Haches justement, vient de se proclamer en dehors de l'Empire et sous protection du grand maître ! L'une de mes récentes petites recrues vient de se constituer une armée d'arklins et d'arklins noir qui ne pourra qu'être utile. J'ai le soutien des anciens maîtres en énergie dispersés aux quatre coins de la planète, mais prêts à reprendre la formation dès que j'en donnerais l'ordre. J'ai également obtenu la bénédiction de Vulnaire !

— Le grand dragon blanc, gardien de la cité ancestrale des dragons, vous le connaissez ? S'étonna Anis. »

Le grand maître s'amusa de la remarque de la jeune elfe. « Ma chère Anis, je connais pratiquement la totalité des êtres vivants sur cette planète et ayant un certain âge. Vulnaire est bien plus vieux que moi, mais nous avons déjà livré des combats côte à côte. C'est l'un des cinq derniers dragons de Sulder et certainement le plus sage, son soutien est une preuve que mes actions sont justes.

— C'est le genre de rencontre que j'aimerais bien faire ! Dit Anis en pensant au regard de Balco lorsqu'il remarqua qu'elle était une elfe.

— Vous souhaitez croiser Vulnaire ? Dit le grand maître. C'est plus que facile, il vit à Supremus depuis toujours et n'a quitté cette ville que très rarement. C'est une ville plus tranquille, vous n'êtes pas prêt d'y voir Lichn débarquer.

— C'est trop près des anciennes forteresses naines de l'empire de suprême, je n'aime pas ses petits êtres ! Dit Anis avec dégoût. »

Le grand maître explosa de rire. « Toujours cette lutte entre les elfes et les nains, elle ne cessera donc jamais !

— Elle ne prendra fin qu’à la disparition des nains, dit Anis fâchée.

— Ne vous énervez pas Anis, dit le grand maître amusé. Mais cette histoire entre les nains et les elfes m'a toujours fait rire. Vous n'êtes pas aussi opposés les uns que les autres ! »

Anis croisa les bras sur son torse en soufflant de mécontentement. Le grand maître s'amusa encore une fois de voir la jeune elfe ainsi. Mais il préférait la voir rouspéter à la place de pleurer comme tout à l'heure…

Agal resta perplexe sur l’attitude du grand maître. Son action était certainement pleine de sens, mais renverser l’Empire ! Cela allait en choquer plus d’un. Le grand maître risquait de se faire des ennemis, bien plus que des amis. Agal regarda un instant Anis en lui faisant un petit sourire, puis il revint questionner le grand maître :

« Je suppose que vous avez déjà tout prévu depuis des jours, demanda Agal. Et que de vous indiquer que votre action me semble bien étrange ne serait qu’une perte de temps.

— J’ai mûrement réfléchi, mon cher Agal, lança le grand maître en lissant sa barbe blanche. Il reste des points obscurs dans ce projet, je suis le premier à reconnaître. Le principal est Lichn, j’ignore encore trop de choses sur ce nécromant. Il pourrait ralentir mon projet sans s’en rendre compte et mettre en péril la vie de tout le petit groupe que j’ai formé. Ils sont tous très jeunes et manquent d’expérience. J’aurais voulu leur apprendre encore plus de choses avant de les envoyer affronter des dangers. Mais pour une fois je sens que le temps ne joue pas en ma faveur. J’aurais préféré que Taruis et Manulitocarios ne m’abandonnent pas au moment où nous devons nous serrer les coudes. Mais s’ils parviennent sans le vouloir à amener Lichn jusqu’à Haches, ils auront agi comme je l’espérerais. Taruis possède quelques hommes de l’Empire qui pourraient nous être utile pour atteindre l’empereur…

— Je me demande vraiment si destituer l’empereur est une bonne solution, continua d’indiquer Agal en y réfléchissant tranquillement. Je sais très bien que l’empereur en lui-même n’est pas un problème. Il n’a rien d’un adversaire de talent, il pourrait se faire balayer par le premier venu. Mais il a une grande armée sous sa responsabilité. Désorganisé, c’est certain ! Cependant, les chevaliers de l’Empire restent cependant des adversaires à ne pas prendre à la légère. Si seulement eux restent fidèles à l’Empire et décident de se liguer contre vous. Ils ne sont peut-être que cinq, mais ils causeraient bien plus de dommage que Lichn et son armée de squelettes.

— J’en ai bien conscience, dit le grand maître avec un léger sourire. J’ai confiance… les chevaliers de l’Empire seront reconnaître le côté de la balance qui lutte contre les ténèbres.

— Espérons-le alors, dit Agal pas vraiment rassuré. Espérons-le… »

Agal tira légèrement sur sa longue robe bleu pastel usée par les âges. Agal fut à une lointaine époque magicien. Une courte carrière de magicien qui l’entraîna à étudier entre Villeau et Englub. C’est au cours d’un de ses voyages pour Englub qu’il croisa la route du grand maître. Un tournant de son existence qui l’amena à se lancer dans la grande aventure de l’énergie pour finalement devenir Agal le maître des eaux ! Sa période magicien fut éphémère et presque personne ne se souvient qu’il le fut un jour. Il entretient malgré tout un petit souvenir en remettant ses vieilles robes de magicien de temps en temps. Ses yeux d’un bleu ciel se posèrent sur Anis qui soupirait doucement. Il passa une main dans ses cheveux blanchis par le temps, mais encore légèrement frisés avant d’interpeller l’elfe pour changer un peu la conversation :

« Anis feuille vive ! Clama Agal. Qu’est ce que vous comptez faire maintenant ? Suivre Taruis dans sa lutte contre Lichn ou continuer à espionner pour le compte du grand maître ?

— Ni l’un ni l’autre, répondit Anis avec une voix timide.

— Hum ? Signala le grand maître en tournant son regard vers Anis.

— Ne le prenez pas mal grand maître, dit Anis encore plus timidement. J’ai croisé Lichn de s’y près. J’ai laissé un gamin se faire tuer… J’ai besoin d’un peu de recul pour repenser à tout ça.

— Oui… Vous avez raison Anis, argumenta le grand maître. Vous avez fait beaucoup pour moi. Prenez quelque temps de repos et revenez dès que vous le souhaiterez.

— Si… si je peux oser vous le demander, demanda toujours timidement Anis.