Mortemobire CODEX SULDER
   

Chapitre 10 : Inexpérience

Le bruit de la guerre ! Si Balco devait y retenir une chose de cette bataille, à défaut d’y affronter une créature, c’était bien le bruit ! Des cris. Des hurlements. Un mélange de victoire et de défaite harangué de chaque côté. Balco entendait à peine les conseils que lui hurlaient Naneshhlimsh et Calaento. Le premier, de toute façon, pouvait bien expulser tout l’air de ses poumons de lézard noir, il ne comprenait qu’avec difficulté les phrases prononcées. l’elfe lui était compréhensible, mais se contredisait en permanence dans ses dires.
Balco se faisait chahuter d’un côté et de l’autre de la muraille. Il tournait la tête de droite à gauche, restant à l’affût de toutes les menaces qui pourraient se placer devant lui. À chaque fois qu’un squelette finissait par se retrouver nez à nez avec lui, un autre venait lui prêter main-forte. Si bien, que Balco n’avait toujours pas pu prouver qu’il savait se servir de son épée. Cela commençait à l’énerver, il ne voulait pas qu’on le protège autant. Le grand maître lui faisait confiance. Alors, pourquoi ne le laissait-on pas un peu prouver que le grand maître avait raison ?
Balco
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Balco esquissa un sourire à la vision d’un squelette émergeant des remparts. Il venait de gravir son échelle et se retrouvait à un petit mètre de Balco. Ce dernier jeta un coup d’œil rapide autour de lui. Calaento était un peu loin et le lézard noir avait le dos tourné trop occupé à en découdre avec plusieurs autres squelettes. Il était enfin seul. c’était sa chance de prouver sa valeur au combat. Le squelette n’avait pas la moindre émotion, il s’avança d’un pas saccadé et d’un crissement osseux monstrueux vers Balco. Le squelette avait une courte épée en bronze accrochée dans sa main droite. Il empoignait fermement son arme à l’aide de la magie maléfique qui l’animait.
Balco souffla un bon coup, déterminé à renvoyer ce squelette à l’endroit d’où il n’aurait jamais dû partir. Il fit tourner d’un demi-tour son épée dans sa main. Puis d’un geste ample, il balaya avec sa lame l’espace devant lui de manière horizontale. Il ferma les yeux en portant son coup. Il était trop près du squelette pour le rater. Il sentit sa lame vibrer dans sa main au contact de l’air. Il se crispa redoutant le choc violent contre les os de la créature qui lui faisait face. Il attendit.... attendit, mais rien ne se produisit !
Naneshhlimsh
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Soudainement, un son de métal tombant sur le sol de la muraille retentit juste devant lui. Balco ouvrit les yeux en craignant d’avoir raté le squelette et de se retrouver dans une mauvaise posture. Lorsqu’il ouvrit les yeux, la première image qu’il put distinguer c’était la lame de l’arme du squelette rebondissant une dernière fois au sol. Le corps de la créature s’était évaporé en poussière blanche. Il ne restait que le crâne du squelette flottant en l’air ! La longue queue dorsale du lézard noir plantée au sommet du crâne de l’infâme créature. Naneshhlimsh rétracta sa longue queue, laissant le crâne du squelette exploser à son tour en poussière blanche. Le lézard noir ne s’était pas retourné un seul instant pour regarder Balco. Ce dernier était rouge de colère, ce squelette était pour lui ! Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas démontrer sa valeur ?
c’est bien le rouge qui se lisait sur la pigmentation de sa peau. Mais c’était aussi le rouge que l’on pouvait voir au-dessus de la forêt entourant la cité de Haches. Le soleil déclinait chaque seconde un peu plus, la bataille prenait en ces instants des couleurs fantastiques et inquiétantes. Le jeu d’ombre et de lumière était mélangé avec une couleur rouge vif et aveuglante. Balco plaça un court instant sa main gauche devant ses yeux pour cacher un peu la luminosité du soleil qui l’aveuglait. Le spectacle que Balco pouvait apercevoir était hallucinant. La plaine était rougeâtre, des centaines de crânes blancs scintillaient d’un rouge écarlate s’approchant de façon immuable de la cité.
Un son sourd tonna. La muraille fut ébranlée, tous les membres de Balco vibrèrent sous le choc. Le bruit et les secousses recommencèrent à intervalle régulier. Balco fronça légèrement les sourcils se demandant ce qui pouvait bien se passer. Il du reprendre ses esprits rapidement, car un nouveau squelette se dressa devant lui. Celui-là avait échappé à la surveillance de ses protecteurs.
Balco agit rapidement et lança son épée à l’horizontale. Il garda les yeux bien ouverts pour surveiller que personne ne lui faisait un mauvais coup. Malgré tout, il y eut un imprévu ! Le squelette plaça simplement son épée en parade stoppant la course de l’épée de Balco. Le choc des deux lames fit trembler Balco qui manqua de chuter en arrière à cause du poids de sa cotte de mailles qu’il avait toujours autant de mal à assimiler. Le squelette avança encore d’un pas et contre-attaqua !
Balco écarquilla de grands yeux remplis de surprise et de peur. Ses compagnons semblaient tellement s’amuser avec les squelettes qu’il avait cru que c’était simple. Pour la première fois, il regretta que ses compagnons ne soient pas attentifs pour le protéger. Il ne voulut pas crier pour qu’on lui vienne en aide, il se sentait déjà suffisamment inutile dans cette bataille. Il ne voulait pas devenir un boulet encore plus gros pour ses compagnons. Balco eut un réflexe de survie de se baisser sur ses jambes. La lame du squelette passa au-dessus de sa tête. Balco trembla de tous ses membres en entendant le bruit de la lame faire vibrer l’air juste au-dessus de lui. Il avait l’impression que son crâne avait été touché par le vent.
Rien n’était pourtant terminé pour Balco ! Il venait de se mettre dans une position encore plus compliquée. Ses jambes n’étaient pas assez puissantes pour le redresser. Certainement la peur qui venait de le paralyser combinée avec le poids important de la cotte de mailles, qu’il trouvait encore plus lourde depuis que son esprit était obnubilé par elle. Le squelette émit un craquement osseux en rattrapant la course de son épée. Il ne perdit pas de temps pour lancer une nouvelle offensive contre Balco recroquevillé sur lui-même...
Le corps du squelette explosa en poussière blanche qui fit toussoter Balco qui en absorba dans ses narines. La longue queue dorsale de Naneshhlimsh s’enroula autour de sa taille et le souleva du sol d’un geste brusque. Balco fut remis sur pied et il put terminer de tousser... La queue du lézard noir glissa le long de son corps et elle repartit attaquer d’autres squelettes. Calaento et Naneshhlimsh s’étaient resserrés autour de Balco pour que l’incident ne se reproduise pas. Mais aucun des deux n’avait fait la moindre remarque à Balco sur cette mésaventure.
Gatrac-goharic
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Balco était honteux de cette situation. Au fond de lui, il voulait prouver qu’il était capable de faire quelque chose tout seul. l’occasion s’était présentée et il n’avait pas su la saisir. Il remercia intérieurement le grand maître qui lui avait assigné des compagnons dignes de confiance et qui feraient tout pour le protéger de leur mieux. Il se sentait vraiment inutile, cette fois il ne souhaitait plus se mesurer à un squelette. Il causait bien trop de soucis à ses compagnons qui avaient certainement mieux à faire que de le surveiller du coin de l’œil en permanence. Balco se dressa bien droit, son épée entre ses deux mains, la lame posée contre son épaule. Il regarda tout autour de lui au cas où, mais il ne provoquerait plus le destin pour amener un squelette face à lui.
Les secousses continuèrent régulièrement à faire vibrer la muraille. Des cris retentirent de part et d’autre de la muraille. Quelque chose se déroulait proche de la porte de Haches... Balco comprit soudainement, les squelettes devaient être en train d’enfoncer la porte avec un bélier ou autre engin similaire.
« Gatrac-goharic reste là pour continuer à repousser les squelettes, hurla Manu pour couvrir les bruits environnants. » l’arklins noir répondit par un grognement et d’un mouvement de tête positif. Manu agrippa Balco par le col et lui sermonna de rester dans son sillage sans rien tenter d’imprudent. Balco fit un tout petit mouvement de tête affirmatif. Il était impressionné par Manu, si gentil lors de sa rencontre dans la taverne et si directif... au moment où il le fallait. Une seule constante, c’était sa froideur en toute situation.
Manu passa devant et emprunta les marches de la muraille pour les redescendre. Balco suivit sans rien redire. Naneshhlimsh et Calaento en firent de même. Balco jeta un coup d’œil sur le chemin de ronde. l’arklins noir aidé de plusieurs archers de la garde de la ville s’en sortait parfaitement bien sans eux. Manu ne regarda pas derrière lui pour savoir si les autres l’accompagnaient. Il commença à courir en suivant la muraille. Balco entendit les percussions contre la porte de Haches de plus en plus fort. Manu était en train de les conduire directement vers la grande porte. Elle était certainement en passe de céder.
Hilld
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Balco imagina qu’il allait avoir besoin de monde pour calmer le flux de squelettes qui profiterait de la faille dans la protection de la cité. Balco ne fut pas spécialement rassuré à cette idée. Il avait failli mourir en affrontant un seul squelette, alors s’il devait en avoir plusieurs d’un seul coup.
Il s’imagina tout seul devant la porte de Haches cédant... une horde de squelettes se dirigeant vers lui avec leur regard sans émotion. Balco frissonna de terreur. Un petit coup d’œil sur sa droite le fit encore un peu plus sursauter. Le lézard noir se déplaça juste à côté de lui. La vision de cette créature gluante et noire le dégoûta. Il chercha à chasser cette pensée de son esprit en vain. Il s’en voulait de penser ainsi, Naneshhlimsh lui avait tout de même sauvé la vie il y a quelques instants. Cette sensation changerait certainement avec le temps et l’expérience.
Ils arrivèrent sur la grande place qui faisait face à la porte de Haches. Cette même place qui l’avait accueilli à son arrivée. c’était là qu’il avait rencontré pour la première fois les créatures incroyables que le grand maître avait formées. La place était pleine de monde... Mais pas comme lors de son premier passage. Aucun zozo n’était en train de gambader dans la cité pour s’amuser. Tout était bien plus sérieux. La garde de la cité n’était pas aussi inactive que le grand maître l’avait ordonné. Des centaines de gardes en rang serré se tenaient sur la place, prêts à en découdre si la porte venait à céder.
c’était un spectacle impressionnant. Une armée disciplinée et ordonnée, rien à voir avec l’armée de squelettes qui leur faisait face de l’autre côté de la porte de Haches. Manu regarda d’un regard perçant les nombreux gardes amassés sur la place, mais il ne dit rien. Balco resta derrière lui et se passa bien de toute remarque. Il tourna ses yeux vers la grande porte de Haches, ses deux portes en bois très épaisses ne semblaient même pas marquées par les coups répétés du bélier contre elle. Elle vibrait à chaque coup, mais rien ne laissait présager de sa chute prochaine.
Balco fut un peu surpris, car il pensait la situation plus dramatique pour que Manu souhaite absolument venir ici et relâche la protection de la muraille. d’un autre côté, il ne connaissait pas le fonctionnement des portes de cité, son village n’en avait pas. Elles semblaient peut-être en bon état alors qu’elle était en train de vivre ses derniers instants... et c’était bien le cas, mais pas exactement comme Balco s’y était préparé.
De grandes flammes rouges et jaunes vinrent lécher la grande porte de Haches par dessous et remontèrent rapidement pour la recouvrir. En quelques secondes, la porte fut littéralement consumée par les flammes. Les dernières cendres voltigèrent sous l’effet des pas des premières créatures des ténèbres venues envahir la cité. Le sang de Balco se glaça aussitôt. Il avait l’impression de revivre sa première rencontre avec ces créatures infernales.
La situation était pourtant différente. Il n’avait pas le moindre espoir de survie la première fois. Alors que cette fois, il n’était pas seul. La présence du grand maître, dans l’enceinte des murs de la cité, à elle seule justifiait tout l’espoir qu’il avait au fond du cœur. Et puis, il y avait plusieurs dizaines de personnes dont il ne connaissait pas toujours le nom, formées personnellement par le grand maître. Elles semblaient avoir toute la confiance de ce dernier pour repousser les envahisseurs. Pour terminer, il y avait l’armée de Haches mise au repos officiellement par le grand maître. Elle était pourtant bien présente en partie face à la grande porte de Haches et les hommes manquants étaient prêts à être mobilisés en quelques minutes.
Balco se doutait même que toute la population de la grande cité de Haches se retrouverait avec les armes pour défendre leur vie si cela devait être nécessaire. Le prix de la liberté n’a pas le même sens pour tout le monde, mais la survie c’était une autre affaire.
Tout cela devait favoriser le moral de Balco pour avoir foi dans une victoire contre l’envahisseur. Mais son cœur n’y était pas vraiment, la crainte continua de se lire sur son visage. Crainte fondée sur la vision des squelettes, enchantés par une puissante magie noire, qui étaient en train de passer la grande porte de Haches. Plusieurs frissons parcoururent le dos de Balco. Il ne savait plus quoi faire. Il était là pour apprendre, mais c’était la peur qui le dominait.
Naneshhlimsh et Manu, qui l’encadraient toujours, avaient un visage lumineux à la vision des squelettes. Ils se réjouissaient pleinement de pouvoir combattre et remettre ses os vivants à la place où l’on n’aurait pas dû les en tirer. Le visage de Manu le rassura légèrement. Un visage humain impassible. c’était Manu toujours sans émotion visible et pourtant là il y avait un léger sourire sur ses lèvres, le rendant lumineux. Le visage de Naneshhlimsh était beaucoup plus expressif. Mais c’était tout de même un lézard noir. Sa peau noire et écailleuse, son sourire carnassier dont une bave blanchâtre coulée entre ses dents... Ce n’était pas le meilleur moyen d’être rassuré, cela aurait pu être une bestiole de l’un de ses cauchemars.
Il lui était encore un peu étrange de comprendre que ce lézard noir, parlant la même langue que lui en un peu plus sifflante, était une créature alliée. Le monde était bien étrange et très éloigné de tout ce qu’il avait connu au cours de son enfance.
Un grand fracas retentit derrière les murailles, plusieurs cris stridents et perçants s’en suivirent, forçant Balco à plaquer ses mains contre ses oreilles. Lâchant son épée qui se planta à ses pieds droits comme un piquet ! Balco ferma les yeux en souhaitant que tout ça passe le plus vite possible. Manu à côté de lui plissa légèrement les yeux, mais ne donna aucun signe d’une expression quelconque sur son visage. Il regarda Balco et Naneshhlimsh en tournant à peine les yeux dans leur direction.
« Ne perdons pas de temps avec les squelettes, clama d’une voix neutre Manu. Il y a des choses plus intéressantes qui arrivent juste derrière. » Cette phrase n’inspira absolument pas Balco. Les squelettes étaient une menace bien suffisante selon son point de vue.
Le grand maître ne devait pas être au courant des démarches de la garde de la cité. Cachés dans un premier temps, les nombreux gardes présents se réfugièrent derrière des barricades formées avec des chariots renversés et des tonneaux. l’entrée des squelettes dans la cité leur avait fait oublier leur belle formation. Mais c’était pour rentrer dans une défense active. Des archers présents parmi les gardes, bien caché, derrière leurs abris de fortune commencèrent, à envoyer des salves de flèches en direction des squelettes. Les premières rangées de squelettes entrées dans la cité reçurent les volées de flèches. Entre les différentes barricades se tenaient plusieurs héros du grand maître et ils engagèrent le combat avec les créatures sans vie.
Manu avança un peu plus vers la porte de Haches, il avait trouvé un emplacement encore vide entre deux barricades et il comptait bien s’y rendre pour en découdre avec des squelettes. Manu pressa le pas et sans même faire le moindre signe à ses compagnons pour le suivre, il rentra directement dans le premier squelette à sa portée. Il lui asséna un coup de poing dans le crâne qui le fit exploser sous la puissance du choc. Balco qui était une vingtaine de mètres derrière Manu à ce moment-là n’en revint pas. Manu était vraiment quelqu’un d’étrange, de froid et de suffisamment sur de lui pour se battre à mains nues contre des squelettes. Naneshhlimsh bondit aux côtés de Manu avec de grandes enjambées et donna plusieurs coups de griffes qui démembrèrent plusieurs squelettes.
Balco empoigna son arme encore plantée dans le sol et souffla très fort dans ses bronches. Il souhaita se redonner un peu de courage pour retenter sa chance. Il regarda autour de lui pour analyser la situation. Tout sembla se dérouler au ralenti et avec une luminosité inquiétante... c’était pratiquement une scène en noir et blanc qu’il était en train de vivre. Les taches de couleur à droite ou à gauche explosaient à son visage comme pour signaler les lieux de conflits les plus importants. Sa vision s’arrêtait sur chaque scène de lumière et c’est cela qui lui donnait l’impression d’un ralenti. Mais il n’y avait qu’une seule explication logique à tout ça, c’était la peur qui avait envahi tout son corps et qui lui disait par ces stimulus de ne pas bouger.
Manu et Naneshhlimsh avaient bien renvoyé au sol une douzaine de squelettes lorsque Balco se décida à avancer la peur au ventre et un souffle toujours puissant entre les lèvres pour lui faire oublier cette peur dévorante. Il s’avança le cœur lourd d’émotion et les mains puissamment agrippées à la poigne de son épée. Il transpirait, mais cherchait à donner de lui l’image la plus courageuse possible. Son visage semblait animé de cette volonté de repousser l’ennemi de cette cité qui venait de l’accueillir à bras ouvert. Il souhaitait garder ce sentiment au fond de lui, car ce n’était pas que pour lui qu’il se battait maintenant, mais pour une cité et ses habitants. Il imagina les milliers de personnes vivant dans Haches le remerciant chaleureusement de les avoir sauvées de cette armée. Dans ses pensées les hachiens avaient plus confiance en lui que lui-même.
Un souvenir fugitif de la rage qui l’avait animé lors du dernier combat de Homelf traversa son esprit. c’est cette rage. Cette puissance. Ce contrôle de sa peur qu’il voulait ressentir à nouveau en lui. Il passa entre Manu et Naneshhlimsh toujours occupés à en découdre avec quelques squelettes. Il asséna un grand coup vertical de haut en bas en direction du crâne d’un squelette qui implosa sous l’impact ! Le reste du corps du squelette se désintégra en quelques secondes et les morceaux d’os se transformèrent en poussière au contact du sol.
Un léger vent éparpilla les cendres blanches des os, faisant disparaître toute trace de la créature à laquelle il venait de porter un coup fatal. Sa première victime était enfin là ! Devant la facilité déconcertante avec laquelle il venait de mettre son adversaire en pièce. Sa peur s’évapora. Un sourire de satisfaction. Voir même de béatitude se dessina sur son visage.
Il prenait conscience qu’il avait lui-même les capacités de rosser quelques adversaires. Il avait fait des erreurs lors de ses premières tentatives, mais il était en net progrès. On pouvait avoir confiance en lui. Il n’était pas que le boulet inutile qu’il fallait protéger à tout prix. Il fit tournoyer son épée autour de lui. Il était maintenant avide de revoir des cendres blanches s’évaporer à ses pieds.
Calaento
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Calaento resté un peu en arrière au début du conflit s’assurant que la muraille était toujours bien protégée vint se rejoindre au groupe. Il se plaça au côté de Balco pour le protéger et le conseiller. Balco était amusé de voir un elfe aussi fortement vêtu, cela allait à l’encontre de toutes les légendes qu’on lui avait contées sur les elfes. Une imposante armure lui recouvrait les épaules, tout le dos et descendait jusqu’à mi-cuisse. Ses bras étaient dégagés montrant de puissants muscles bien entraînés à manier la hallebarde qu’il avait entre les mains. c’était une image si loin de tout ce qu’il imaginait sur les elfes. Il avait presque l’impression d’avoir à faire à un hallebardier humain. d’ailleurs avec le masque qui recouvrait la tête de Calaento rien ne pouvait indiquer qu’il était d’origine elfique.
La percée squelette fut bientôt contenue. La grande place qui faisait face à la grande porte Sud de Haches était envahie par des centaines de squelettes, mais ils ne progressaient plus. Il y avait même une légère tendance à les faire reculer. Balco bien que toujours un peu craintif prenait un peu plus de plaisir dans la défense de la cité. Il combattait avec toute la vaillance que son esprit lui accordait actuellement.
Son maniement des armes était bien précaire. Il regrettait de n’avoir pas avoir eu plus de temps pour écouter les conseils de Homelf. Il mettait en application tout ce qu’il avait retenu. Il écoutait les conseils que lui criait de temps en temps Calaento entre deux coups qu’il portait lui-même à des squelettes. Bien souvent, c’était pour se défendre. Car c’était l’élément le plus important d’après tout ceux qui avaient cherché à lui enseigner des choses. Pour Balco c’était logique, sans défense on ne pouvait pas vivre bien longtemps, donc pas la peine d’attaquer si c’était pour mourir vite.
Il faisait son possible pour appliquer à la lettre chaque consigne, même s’il avait bien du mal. Il sentait que chacun de ses gestes n’était pas sûr et sans la présence de ses trois compagnons, plusieurs lames de squelettes lui auraient traversé le corps. Ils le protégeaient comme s’il s’agissait d’eux-mêmes. Balco n’arrivait pas à leur en vouloir, car sans eux, il n’aurait même pas eu le courage d’être là face à une armée de squelettes qu’il redoutait. Tout se passait pourtant pour le mieux, même s’il ne touchait presque rien. Il avait juste réduit en cendre un squelette de plus depuis son regain de courage.
Il frappa pourtant dans tous les sens, mais cela avait plutôt pour effet de détourner les squelettes sur ses autres compagnons. Il se protégea du mieux possible, mais bien souvent, la hallebarde de Calaento ou la queue dorsale de Naneshhlimsh vinrent bloquer au dernier moment la lame d’un squelette qu’il n’avait pas remarqué. Et il y en avait beaucoup qu’il ne remarquait pas ! Balco parvenait à se concentrer sur un seul adversaire celui qu’il combattait, mais ce faisant il n’avait plus d’attention pour observer tout ce qui se passait tout autour de lui.
Calaento fit un mouvement rapide pour se retrouver juste devant Balco et en deux mouvements fluides de hallebarde, il transforma en poussière plusieurs squelettes. Un petit espace libre de toute présence se présenta juste devant Balco qui put souffler un petit peu. Même si son bilan était modeste voir anodin, il était fatigué et essoufflé. Profitant de ce petit moment, Balco redressa la tête pour prendre le temps d’observer la situation générale.
La porte de Haches était carbonisée et il n’en restait plus qu’une épaisse couche de charbon encore ardent se consumant au sol. Des dizaines de squelettes marchaient dessus sans avoir conscience de la chaleur qui se dégageait sous leur pied squelettique. Un peloton de gardes de la cité se situait face à l’entrée à une trentaine de mètres des restes de la grande porte de Haches. Le peloton contenait l’invasion du mieux qu’il pouvait. De chaque côté des gardes, plusieurs personnes effectuaient le même travail que le petit groupe de Balco actuellement.
Le fond de l’air était rempli d’une odeur d’os humide et moisi. Balco n’entendait plus les tambours des squelettes. Il y avait juste les cris et le choc des armes et les pas funèbres des squelettes faisant claquer leur os les uns contre les autres à chacun de leur mouvement.
Balco reconnut plusieurs personnes qu’il avait déjà aperçues à la taverne où il dormait ou lors de sa balade en ville avec Manu. Il n’eut pas le temps de remettre un nom sur chaque visage ou silhouette. La lame d’un squelette passa devant ses yeux et par une chance prodigieuse vint finir sa course contre la poignée de son épée. Celle-ci tomba au sol, lâché par un Balco surpris. Le visage squelettique et sans vie qui lui fit face fit frissonner tout son corps. Il regarda droit dans les cavités oculaires complètement vides du squelette. Cette vision s’effaça lorsque la longue queue dorsale du lézard noir vint se planter dans le crâne du squelette puis descendit dans son corps. Cette action renvoya le squelette à l’état de poussière.
La peau écailleuse du lézard noir laissa partir en direction de Balco un peu de cette bave qui s’écrasa sur son front. La bave commença à rouler le long de son visage. Balco eut un regard de frayeur et toutes les mauvaises pensées qui l’avaient animé au sujet du lézard noir revinrent dans son esprit. Il essuya son front d’un revers de la main en grimaçant de dégoût. Naneshhlimsh siffla d’amusement entre ses dents en même temps que Manu le sermonna d’une voix dure pour qu’il ramasse immédiatement son arme.
Balco était abasourdi, de grosses gouttes de sueur perlaient le long de son front. Il s’empressa de ramasser son arme et reprit position au milieu de ses compagnons qui n’avaient pas cessé un seul instant de le protéger. Il avait encore bien des progrès à faire s’il voulait remercier un jour ses nouveaux amis en leur sauvant également la vie. Il jeta un regard vers Manu rempli de crainte et de honte, ce dernier ne le regardait déjà plus. Il venait d’attraper un squelette par le crâne et l’avait soulevé au-dessus du sol. Par une forte pression de ses doigts, il parvint à faire exploser le crâne. Balco n’en revenait pas. Manu était une créature vraiment à part.
Un grondement de fureur émana de l’ensemble des squelettes. Balco ne comprit pas ce qui se passait. Il regarda tout autour de lui et il eut un regard de stupeur en apercevant de façon fugitive que la grande porte en bois de Haches était intacte ! Balco l’avait pourtant vu partir sous les flammes quelques minutes auparavant. Elle était parfaitement fermée comme au début de l’assaut. Balco n’avait pas bien observé la porte à son origine, mais elle semblait identique dans tous ses détails à la première porte. Le mouvement d’humeur des squelettes entendu par Balco venait des squelettes qui se trouvaient à l’intérieur de l’enceinte sans aucun moyen de repli.
Balco n’eut pas le temps de poser des questions que ses compagnons redoublèrent d’effort pour anéantir les derniers squelettes piégés à l’intérieur de la cité. Il leur fallut moins de cinq minutes pour cela. Balco était maintenant à quelques mètres de la porte de Haches juste derrière Manu qui parlait avec un chevalier en armure bleue et un nain à la chevelure tressé et teint dans plusieurs colorie, tout comme sa barbe. Balco avait le souvenir d’avoir croisé le nain, mais son nom ne lui revenait pas à l’esprit. Le chevalier lui était par contre parfaitement inconnu. Pys’ch’kim, le sorcier nain, désormais très bien connu de son esprit pour être un moulin à parole, se tenait juste derrière le premier nain. Il observait la porte de Haches avec un sourire de satisfaction.
Balco se rappela que Pys’ch’kim en dehors de parler tout le temps était également un sorcier nain. Au vu de son regard, il se demandait si le sorcier nain n’aurait pas une responsabilité dans la restructuration de la grande porte de Haches. Balco ne connaissait rien à la magie, il lui était difficile de savoir si cela était son œuvre.
Balco n’avait même pas la moindre idée du fonctionnement de la magie et de ses possibilités. Encore des choses qu’il allait devoir rapidement apprendre s’il ne voulait pas passer pour un idiot. Dans son esprit, tout ce qui a un attrait avec la magie faisait partie du merveilleux et des rêves. Là, cette magie n’avait rien de merveilleux et c’était encore moins un rêve.
Il y eut un moment d’accalmie dans cette guerre. Chacun reprenait son souffle et ses forces, profitant au mieux du répit que la nouvelle porte leur accordait. Les petites blessures étaient soignées du mieux possible. Les blessures plus importantes demandaient l’aide de plusieurs personnes. Ce qui créa des petits attroupements autour de personne allongée sur le sol. Les morts eux étaient éloignés du champ de bataille. Balco put observer plusieurs gardes transportant des congénères qui étaient tombés lors du premier assaut. Leurs visages étaient tristes, mais toujours à l’affût. Le moindre bruit ou signal d’alerte leur aurait fait quitter leur macabre marche pour aller reprendre immédiatement le combat.
Ce petit moment de calme au milieu d’une bataille, bien que rare fut grandement apprécié par Balco. Il regarda sa lame en se demandant encore ce qu’il pouvait bien faire là. Il n’avait vraiment rien d’un guerrier de légende comme voulait l’affubler le grand maître. Il savait à peine tenir son épée dans ses mains. s’il avait été tout seul, il aurait trépassé au premier squelette rencontré. Il ne remercierait jamais assez les compagnons d’armes que le grand maître lui avait assignés. Il regrettait d’être un fardeau pour eux. Il leur causait du tracas, alors qu’ils auraient pu faire bien plus de choses sans sa présence. Balco fit tournoyer son épée devant lui en souhaitant avoir un peu plus de courage qu’il n’en avait eu jusqu’à présent. Même si la peur était plus forte au fond de ses entrailles, il devait trouver le moyen de la canaliser afin de passer outre.
Les tambours de guerre des squelettes retentirent de nouveau au loin. Manu agrippa une épaule de Balco et lui cria avec force : « On reprend notre position sur la muraille. Le prochain assaut risque de tourner à l’affrontement magique. Nous allons regarder ça de haut en attendant que nous ayons besoin de nous à nouveau. »
Balco ne comprit pas pourquoi la bataille serait plus magique maintenant qu’au départ. Il fit confiance à Manu pour en savoir bien plus que lui sur le déroulement d’une guerre. Il était novice dans ce domaine. Tout lui semblait encore trop irréel. En moins de deux minutes, ils furent, Naneshhlimsh, Balco et Manu, sur la muraille à quelques mètres de leur position initiale. Balco parfaitement encadré par ses deux compagnons, ne lui laissant que très peu de marge de manœuvre. Il n’en avait pas réellement besoin de toute manière. Balco devina la présence d’autres personnes sur la muraille. Il ne parvint qu’à en distinguer des ombres ou des formes, Manu et Naneshhlimsh lui bouchant en grande partie ses angles de vue.
Un éclair blanc traversa la plaine devant la cité et vint s’abattre sur la porte de Haches. Balco ouvrit de grands yeux terrifiés. Jamais il n’avait vu un éclair se déplacer parallèlement au sol. Balco ne connaissait d’expérience que les éclairs provenant des orages. Celui qui venait de frapper la porte de Haches n’avait rien à voir avec un phénomène naturel. l’éclair claqua comme le tonnerre sur la porte en bois franchement ranimé par magie. Il illumina le champ de bataille sur son passage, révélant plusieurs centaines de squelettes encore présents devant les portes de la cité. Plusieurs créatures beaucoup plus grandes et sombres, dont leurs corps absorbèrent la lumière sans rien renvoyer. Mais on pouvait distinguer ses masses noir plus sombre que la nuit elle-même.
« Dessh démonssh, siffla Naneshhlimsh en donnant l’impression de plisser ses yeux en direction des grandes créatures sombres.
— Je les observe depuis un moment, déclara Manu en toute quiétude. J’ai la sensation qu’ils attendent la fin de ce conflit magique avant d’intervenir.
— She shuisss Prèssshhe à lesss rechevoir, continua de siffler Naneshhlimsh de sa langue fourchue.
— Je l’espère bien, continua Manu sans émotion. Moi aussi, J’ai hâte de les voir s’approcher pour m’y frotter. Si l’on fait sombrer ces démons, il y a de bonnes chances que le reste de l’armée prenne la fuite. »
Balco transpirait. Il n’osait par dire que lui n’était vraiment pas pressé de les voir se présenter devant lui. Il avait bien trop peur pour faire face à une si grande et puissante créature. Manu et Naneshhlimsh restèrent là immobiles durant plusieurs minutes commentant le déroulement de la bataille.
Les gardes de la cité avec l’aide de plusieurs héros du grand maître toujours actifs sur la place avaient repris la porte de Haches aux squelettes. Ils se battaient désormais à l’extérieur de la cité juste devant la porte. Des archers postés sur la muraille aidaient leur compatriote hachiens en lançant des salves régulières de flèches sur des squelettes de plus en plus désemparés. Une force supérieure devait les pousser à continuer, car ils ne reculaient pas d’un pouce malgré les grondements sourds que l’on pouvait entendre dans l’atmosphère. Grondement qui ressemblait fort à un mécontentement de la part des squelettes, enfin c’est comme cela que Balco le traduisait.
Balco observa le ciel, il fut soudainement rempli d’éclair et de tache de couleur multicolore. Plus rien ne semblait réel au dessus de sa tête. La nuit noire avait laissé place à un festival de couleur. Il ne comprenait absolument pas ce qu’il se passait. Balco avait des yeux remplis d’émotions par un tel spectacle. c’était encore mieux que le seul feu d’artifice qu’il avait pu voir au court de sa vie. Le tonnerre sembla frapper à la porte de la cité et comme on lui refusait l’accès sa colère colorait le ciel de mille teintes. Balco observa le ciel durant plusieurs minutes avant que de nouveaux événements ne lui rappellent la triste réalité qu’il se trouvait en plein cœur d’un champ de bataille.
Manu tourna la tête de droite à gauche lentement pour observer la progression globale de toutes les troupes. Soudainement sa tête s’immobilisa de façon brutale. Il fixa un point dans la nuit avec insistance. Balco n’arriva pas à distinguer ce que scrutait Manu. Naneshhlimsh et Balco allaient ouvrir en même temps la bouche pour questionner leur ami qui avait une vue bien plus développée. Manu les pris de cours en s’écriant : « Préparez-vous à tomber lourdement... Ça va secouer ! »
Balco eut le souffle coupé. Il distingua vaguement une énorme masse sombre qui fonçait sur la muraille à l’exact endroit où il se situait ! Un grand bruit rauque de craquement retentit. Balco sentit son corps se soulever au-dessus du sol. Plusieurs pierres de la muraille voltigèrent autour de lui intégralement désolidarisés du reste de la muraille.
Le craquement se fit encore un peu plus intense et un grommellement de pierre s’écrasant les unes sur les autres arriva jusqu’aux oreilles de Balco. Le moindre bruit qu’il entendait provenait d’en dessous de lui. Balco tourna son visage et se rendit compte que la muraille venait de s’effondrer sur elle-même à l’endroit de l’impact. Balco avait été soufflé en l’air lors du choc. Sans rien pouvoir y faire, il retomba brutalement contre le sol.
Une matière gluante amortit sa chute en poussant un profond soupir. Balco roula sur le dos. Il se trouva sur un sol ferme, froid et légèrement herbeux. Balco était sonné. Il mit un peu de temps à reprendre ses esprits. Il se dressa sur ses coudes pour analyser la situation. Juste à côté de lui gisait le corps immobile de Naneshhlimsh. Balco repensa à sa chute et la sensation désagréable de son atterrissage. Il se douta que le lézard noir avait dû lui servir de matelas imprévu. Un coup d’œil de l’autre côté lui montra la muraille défigurée sur deux mètres. Un trou béant laissant bien entrevoir les premières demeures de Haches !
Balco écarquilla de grands yeux pleins d’effroi en comprenant qu’il venait d’être projeté à l’extérieur de la cité. Manu n’était pas visible. Naneshhlimsh n’était pas en mesure de le protéger. Balco se sentit bien seul et désemparé. Le tas de pierres formait, il y a encore peu la muraille, se mit à bouger. Balco espéra qu’il s’agissait de Manu qui avait été enseveli par les rochers. Mais son sang se glaça lorsqu’il se rendit compte que c’était une énorme masse sombre qui émergea du tas de pierres. Et tout cela, à moins d’un mètre de lui.
La terrible forme sombre se dressa à plus de trois mètres. Une tête ronde d’après ce que Balco pouvait en distinguer. Trois paires de cornes blanchâtres de chaque côté de la tête. Mais trop petites pour être distingué de très loin. De grands yeux blancs légèrement lumineux et inquiétant. Une large bouche dont il pouvait distinguer au moins trois rangées de dents pointues. Son corps n’était absolument pas distinguable. Seules ses mains étaient visibles aux yeux de Balco. Simplement, car chacun de ses doigts se terminait par des ongles très longs d’un blanc éclatant. Des griffes démoniaques qui impressionnèrent encore un peu plus Balco qui n’avait pas vraiment besoin de cela.
Le démon gronda intérieurement. Ce qui se traduisit par un bourdonnement affreux aux oreilles de Balco. Le démon ouvrit des yeux un peu plus grands en fixant Balco d’un large sourire. Balco ravala sa salive. Cette fois, il ne voyait vraiment pas comment il allait pouvoir s’en sortir. Il chercha son épée en tâtonnant avec ses mains autour de son corps toujours allongé au sol. Mais rien, il ne la trouva pas.
Balco entendit son cœur battre comme un immense tambour qui égrenait les derniers instants de son existence. Il était dans une situation très inconfortable. Il ne ressentait presque plus la peur. Il était tétanisé intégralement. Aucune de ses émotions ne parvenait à lui faire de l’effet. Le démon grogna férocement en fixant Balco.
Il fit pivoter l’un de ses bras en direction de Balco. Un poing énorme et sombre rentra en contact du torse de Balco et le souleva de plusieurs pieds dans les airs. Son dos s’écrasa contre la muraille de la cité. Presque inconscient et sans reflex, Balco glissa le long de la muraille pour s’écraser face contre terre. Le démon poussa un nouveau grognement puissant et tourna le dos à Balco. Ce dernier était maintenant étendu au sol et ne faisait plus le moindre mouvement. Balco avait eu le souffle coupé par l’impact du coup de poing du démon...
Il ne sut pas combien de temps il resta inconscient. Lorsqu’il reprit ses esprits, le sorcier nain était agenouillé à côté de lui. Une grande elfe aux cheveux blonds était aussi à son chevet. Elle avait le regard perdu devant elle ne regardant pas Balco. Ce dernier fut tout de suite accaparé par les yeux vert clair presque transparent de l’elfe.
Elle jeta un coup d’œil rapide vers Balco. Elle eut un sourire en le voyant réveillé. Elle se redressa tout de suite et articula avec sa bouche des directives destinées au sorcier nain. Balco n’entendit rien, il avait pourtant l’impression que l’elfe avait une voix mélodieuse. Elle disparut rapidement après avoir donné ses ordres. l’elfe n’était plus qu’une masse vert clair aux yeux de Balco qui s’estompa progressivement de son champ de vision. Balco n’eut pas le temps de dévisager plus longuement cette elfe, il estima donc qu’elle devait porter des habits de couleur verte sans avoir pu avoir le temps de s’attarder sur les détails.
Balco reprenait à peine conscience de ce qui l’entourait. Il avait encore du mal à fixer les détails sur ses rétines. Les yeux verts de l’elfe restèrent tout de même gravés dans son esprit. Il pourrait la reconnaître lorsqu’il la croiserait une prochaine fois. Du bruit commença à bourdonner à ses oreilles. Balco se rendit compte qu’il avait été sourd pendant un moment. Le son revint progressivement dans ses oreilles. Son cerveau se remit à assimiler les sons qui lui parvenaient et recommença à les traiter.
Mardeën
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Pys'ch'kim
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La bataille n’était pas encore terminée. Des cris rugissaient de partout, des coups d’épée s’entrechoquaient et les os des squelettes éclataient sous les coups. Balco retrouva ses sens rapidement jusqu’à sentir son cœur battre au fond de lui-même. Le sorcier nain lui tapota l’épaule et lui tendit une main ferme pour l’aider à se redresser.
« Tu nous as fait peur mon cher, déclara Pys’ch’kim en tirant de toutes ses forces pour soulever Balco. Le grand maître n’aurait pas vraiment apprécié que l’on te perde.
— Je n’ai pas fait exprès de me mettre sur la route de ce démon, s’excusa avec peine Balco. »
Le sorcier nain se mit à rire à gorge déployée en se tenant le ventre. « Nous le savons bien Balco. Je ne pense pas que tu es pour le moment le courage ou la force de courir au-devant de telles créatures. Qui le ferait de toute façon ?
— Rouge, se dit Balco intérieurement. »
Le nom du héros de légende rebondit en lui et résonna dans son esprit. Ceci eut l’effet de l’apaiser temporairement. Balco souffla doucement dans ses narines et sembla pleinement reposé. Il put enfin prendre le temps de regarder où il se trouvait et ce qui se passait. Il était très proche de la muraille de la cité. Toujours à l’extérieur de celle-ci. La fissure creusée par le démon dans la muraille était tout proche. Les yeux de Balco s’arrêtèrent sur la fissure quelques instants. l’apaisement survenu grâce au nom de son héros fétiche n’allait pas durer et il ne se sentait plus la force de combattre. Il allait devenir un poids encore plus grand s’il restait sur le champ de bataille. Il se tourna vers le sorcier nain et lui demanda s’il pouvait le ramener vers la taverne. Les yeux du sorcier nain se plissèrent. Ses doigts semblèrent se triturer entre eux.
« d’accord, déclara le sorcier nain après quelques secondes de réflexion. Je te ramène dans la cité. Je t’indiquerais le chemin de la taverne une fois à l’intérieur. Je vais quand même rester par ici. Mon départ pourrait être mal vu. Il se pourrait que l’on ait encore besoin de moi. »
Le sorcier nain resta derrière Balco qui avança vers la fissure. En s’approchant, il put voir deux énormes corps de démons gisants au sol. Ils étaient couverts de blessures et de plaies dont coulés encore un sang rouge et bouillonnant. Leur sang laissait échapper une vapeur blanchâtre. Les deux démons étaient étendus à l’intérieur de la cité, mais très proche de la fissure. Ces derniers avaient dû vouloir entrer dans la cité, mais plusieurs personnes les en avaient certainement empêchés. Balco ne regarda que les carcasses fumantes des démons en passant par la fissure et ne s’occupa pas de ce qui pouvait se tramer près de lui.
Il sursauta et frissonna de voir soudainement apparaître juste en face de lui une nouvelle masse noire gigantesque. Incapable de réagir à temps. Son cerveau était de nouveau bloqué par la peur de cette nouvelle créature. Il n’eut aucun mouvement de réflexe pour éviter quoi que ce soit. Balco sentit son corps traversé de part en part par des pointes acérées. Son ventre le fit atrocement souffrir. Il sentit son sang chaud couler le long de son ventre. Il baissa la tête incapable de la tenir droite. Ses forces s’échappaient de son corps.
d’un regard perdu, il aperçut les longues griffes du démon rougies par son sang. Au milieu des griffes, une longue épée noire qui venait de le transpercer. Sa cotte de mailles n’avait pas arrêté la lame noire du démon. Il fut soulevé au-dessus du sol. Plusieurs gouttelettes de sang vinrent s’écraser sur son visage avant qu’il ne perde à nouveau conscience.
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